La vaste mosaïque d'un peuple en mouvement

02 février 2009

Le Mois de l'histoire afro-américaine évoque les luttes et les triomphes des Noirs aux É.-U.

L'entrée en fonction du président Obama apporte une nouvelle importance à ce mois.

 
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L'autobus où Rosa Parks a refusé de s'assoir à l'arrière.
Un homme montre à son petit garçon l'autobus dans lequel Rosa Parks a refusé de renoncer à son siège en 1955.

Washington - Chaque année en février, le Mois de l'histoire afro-américaine met en évidence les luttes et les triomphes de millions d'Américains face à de terribles obstacles - à savoir l'esclavage, les préjugés et la pauvreté -, et leurs contributions à la vie culturelle et politique des États-Unis.

Cette année, l'entrée en fonction du premier président afro-américain de l'histoire des États-Unis, M. Barack Obama, apporte au Mois de l'histoire afro-américaine une nouvelle importance. M. Obama a prêté serment en sa qualité de président le 20 janvier, le lendemain de la journée consacrée à la commémoration de l'anniversaire de Martin Luther King, qui est une fête fédérale. Le chef du mouvement en faveur des droits civiques, qui a été assassiné en avril 1968, aurait eu quatre-vingts ans le 15 janvier.

Lors du discours qu'il a prononcé après sa prestation de serment le 20 janvier, le président Obama a souligné le caractère historique de cette prestation en déclarant : « Un homme dont le père, il y a moins de soixante ans, n’aurait peut-être pas été servi dans un restaurant local peut aujourd’hui se tenir debout devant vous pour prononcer le serment le plus sacré. »

L'hommage aux réalisations des Afro-Américains

C'est en 1926 que Carter Woodson, un célèbre historien, a institué la Semaine de l'histoire des Noirs. Il avait choisi la deuxième semaine de février afin que cette semaine coïncide avec les anniversaires d'Abraham Lincoln et de Frederick Douglass.

Le président Gerald Ford a décidé d'étendre cette semaine à un mois en 1976, année du bicentenaire du pays. À cette occasion, il a exhorté les Américains à « saisir l'occasion de rendre hommage aux réalisations des Américains de race noire dans tous les domaines, qui sont trop souvent ignorées ».

Carter Woodson
M. Carter Woodson, le créateur du la Semaine, puis du Mois de l'histoire afro-américaine.

Fils d'anciens esclaves de Virginie, Carter Woodson s'était rendu compte que les difficultés et les réalisations des Américains d'origine africaine étaient passées sous silence ou déformées. Il a alors fondé l'Association pour l'étude de la vie et de l'histoire des Noirs américains (Association for the Study of African American Life and History ou ASALH), qui publie une revue et qui décide chaque année le thème du Mois de l'histoire afro-américaine.

Cette année, ce thème, qui a trait à l'identité des Noirs dans le continent américain, vise à célébrer le centenaire de l'Association nationale pour l'avancement des personnes de couleur (National Association for the Advancement of Colored People ou NAACP) et met en évidence « le problème de la race et de la citoyenneté dans l'histoire des Etats-Unis, sous l'angle des Noirs qui étaient dans un pays où régnait l'esclavage ainsi que du point de vue des aspirations politiques des Afro-Américains de nos jours », indique le site Internet de l'ASALH. « Ce centenaire offre aussi l'occasion de considérer l'histoire des autres pays américains, où d'anciens esclaves ont aussi cherché à obtenir les avantages découlant de la citoyenneté. »

Selon le président de l'ASALH, M. John Fleming, le fait que le président Obama ait eu un père noir né au Kénya et une mère blanche née aux États-Unis « continue de refléter la contribution des Africains et des Européens à l'histoire des États-Unis depuis le tout début ».

Le Mois de l'histoire afro-américaine, a-t-il dit, doit porter à la fois sur les aspects positifs et négatifs de l'expérience vécue par les Noirs. « La lutte est évidemment un thème récurrent depuis le tout début de notre histoire. Avant d'être capturés en Afrique, nous n'étions pas des esclaves. Et si l'esclavage a fait partie de notre histoire pendant deux cent cinquante ans, nous avons quelque cent cinquante années de liberté dont nous devons traiter. Ce n'est pas pour diminuer l'importance de la période d'esclavage, mais elle n'englobe pas tout. »

M. Fleming a souligné qu'il avait constaté des progrès considérables sur de nombreux fronts. Toutefois, a-t-il ajouté, « il subsiste certains problèmes graves qu'il faut régler, notamment celui des marginaux permanents dans les zones urbaines. Nous ne semblons pas être en mesure de mettre fin au cycle de la pauvreté. Il y a également des noyaux importants de pauvreté dans certaines régions rurales », par exemple le delta du Mississippi.

« Je suis heureux que l'on s'apprête à créer un Musée national afro-américain sur le Mall (l'esplanade centrale de Washington) qui relatera une histoire bien plus étendue », a-t-il dit. En 2003, le président Bush a promulgué une loi portant création d'un nouveau musée qui sera situé sur cette esplanade, près du monument de Washington. Ce musée n'est pas encore construit, mais une exposition de photographies, organisée à Washington à la fin de 2007, se déplace actuellement dans diverses villes du pays, et ce jusqu'à la fin de 2011.

« En discutant avec les jeunes, Noirs comme Blancs, on constate que leur ignorance de l'histoire afro-américaine est effarante, a fait remarquer M. Fleming. C'est la raison pour laquelle Carter Woodson a eu l'idée d'une semaine consacrée à la célébration de l'histoire des Noirs. C'est en février que l'histoire afro-américaine attire le plus d'attention, et je pense que c'est l'occasion de souligner qu'elle devrait être étudiée toute l'année. »

Chaque année, le président des États-Unis marque le Mois de l'histoire afro-américaine par une proclamation et une célébration à la Maison-Blanche. Les États et les villes organisent leurs propres célébrations dans tout le pays, et les médias présentent des sujets liés à l'histoire des Américains d'origine africaine.

L'ASALH a son siège à Washington, ville où Carter Woodson a vécu de 1915 jusqu'à sa mort en 1950. Sa maison est classée « monument historique ».

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