28 août 2006

À 81 ans, B.B. King poursuit sa légendaire carrière de joueur de blues

Ce guitariste a exercé son influence sur des générations de musiciens.

 

Washington - Couronné « roi du blues » et toujours reconnu comme le meilleur guitariste de blues de la planète, B.B. King continue d'influencer profondément, à l'âge de 81 ans, d'innombrables émules qui tentent de reproduire les inflexions mordantes de sa guitare et d'égaler le feu de sa présence sur scène.

Né à Itta Bena (Misissippi) en 1925, Riley B. King gravita vers la musique à un âge précoce, chantant le gospel à l'église et écoutant les disques que lui prêtait sa tante, notamment de Blind Lemon Jefferson et de Lonnie Johnson, guitaristes de blues du delta du Mississippi. Sa congrégation religieuse fervente avait beau condamner le blues comme une « musique du diable », le jeune Riley eut tôt fait d'en subir l'envoûtement.

Ainsi qu'il devait le rappeler, bien des années plus tard, dans son autobiographie intitulée « Blues All Around Me », le blues exerça sur lui un effet puissant. « Blind Lemon et Lonnie sont ceux qui m'ont le plus touché (...) car leurs voix étaient si distinctes, si naturelles et croyables. Ils me parlaient (...) et ils ont pénétré mon âme à jamais. »

Riley King acheta sa première guitare à l'âge de 15 ans. Cinq ans plus tard, il se rendit à Memphis (Tennessee) où il passa sous la houlette de son cousin, le guitariste de blues Bukka White. En perfectionnant son jeu, il développa une technique personnelle de vibrato d'une singularité mesmérisante, qu'il devait adapter par la suite à la guitare électrique. C'est une innovation qu'après lui des légions de guitaristes ont tenté d'incorporer à leur technique.

À Memphis, Riley King se mit à jouer du blues et du gospel sur les coins de rue, dans le quartier des clubs afro-américains de la rue Beale. Après qu'il eut obtenu de se produire pendant dix minutes dans une émission de radio locale, il acquit le surnom de « Beale Street Blues Boy », ou « Bee Bee », qui produisit ses initiales « B.B. » aujourd'hui célèbres. Il signa un contrat qui se révéla éphémère avec une maison défaillante de disques, Bullet Records Company, avant d'être découvert par le musicien et recruteur de jeunes talents Ike Turner, qui l'orienta vers la maison de disques Kent/Modern/RPM. En 1951, celle-ci publia un morceau de B.B. King intitulé « Three O'Clock Blues », qui monta au sommet du palmarès des ventes de R&B (rhythm and blues).

Pendant cette période, B.B. King rencontra le réalisateur Sam Phillips, une étoile montante de l'industrie du disque. Entrepreneur visionnaire qui avait ouvert un studio d'enregistrement à Memphis vers la fin des années 1940, Phillips aimait le blues, le gospel, le country, le folk, bref pratiquement tous les genres de musique populaire américaine. C'est lui qui contribua à fusionner ces différents genres en un format qu'on devait baptiser rock and roll, et il encouragea fortement le mélange des traditions musicales. Au début, B.B. King s'opposa à cette tendance à l'amalgame, mais lorsqu'il finit par élargir son style de blues en adoptant la guitare électrique, sa maîtrise totale de l'instrument devint l'aune à laquelle devaient se mesurer tous les guitaristes en herbe.

B.B. King quitta Modern Records en 1962, et signa rapidement un contrat avec ABC (aujourd'hui MCA) Records, tout en poursuivant un programme de tournées à couper le souffle, d'environ 300 spectacles par an (cadence épuisante qu'il allait maintenir pendant plus de 20 ans). Mais s'il était adulé par les amateurs de blues, B.B. King ne fit irruption sur la grande scène musicale qu'en 1968, lorsqu'il engagea l'imprésario Sidney Seidenberg. Celui-ci eut l'idée habile de lui obtenir des engagements dans de hauts lieux du rock tels que le Fillmore Auditorium de San Francisco et dans des émissions de télévision prestigieuses comme le Tonight Show et l'Ed Sullivan Show. Ainsi exposé au grand public, B.B. King connut un immense succès en 1970 avec son tube « The Thrill is Gone », et sa percée si longtemps retardée l'amena finalement au pinacle.

Cité par le guitariste Keith Richards des Rolling Stones et par le guitariste de rock et de blues Eric Clapton comme une source indispensable d'inspiration, B.B. King continue à dominer son genre. Lauréat de 14 prix musicaux Grammy, il fut admis au Panthéon du blues en 1984 et à celui du rock and roll en 1987. En 1988, il se joignit à Bono, le chanteur du groupe de rock irlandais U2, pour composer et interpréter un duo (« When Love Comes to Town ») qui fit partie du film-concert d'U2, « Rattle and Hum ». Le « roi du blues » fut définitivement couronné en 1995, lorsque le président Bill Clinton le récompensa pour sa longue carrière lors d'une cérémonie tenue au Centre Kennedy des arts de la scène.

Le style passionné de B.B. King à la guitare et son magnétisme sur la scène garantissent des spectacles à guichets fermés partout où il se produit. Son programme pour 2006 devait l'amener au Brésil, en Finlande, en Suède, au Danemark, aux Pays-Bas, en Belgique, en France et aux États-Unis. Alors qu'il poursuit ses tournées accompagné de sa compagne de toujours, une guitare Gibson de fabrication spéciale et qu'il appelle affectueusement « Lucille », B.B. King affirme qu'il est encore loin de la retraite, déclarant, comme il l'a fait récemment au journaliste Kevin Chappell de la revue afro-américaine Ebony, que « si seulement cinq personnes sur cent tirent quelque chose de ma musique, ça vaut quand même le déplacement ».

(Les articles du "Washington File" sont diffusés par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://usinfo.state.gov/francais/)

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