86 VOYAGES inertie. Enfin, il éprouvoit le triste état qu'on appelle à Saint-Domingue, bouquè ne£ caba. J'arrivai au soleil couchant, ayant mis cinq heures à faire cinq lieues; et accablé de douleurs dans tous les membres, je trouvai la malade hors du délire et dans un état moins inquiétant. Mme Descahaux, qui sait toujours surprendre agréablement, m'avoit fait préparer un assorti- ment des meilleurs fruits de Saint-Domingue, pour me les faire apprécier à leur juste valeur. Elle me présenta d'abord un abricot (i), qui ne ressemble en rien à ceux de France : il a la peau jrude, à peu près de la couleur de la sapotille; sa chair, qui a le parfum du coin, est d'un jaune rougeâtre : elle est coriace et indigeste, quoique très-balsamique. Ce fruit est gros comme la tête dans toute sa perfection, et contient quelquefois deux gros noyaux , lesquels renferment des amandes qui, à leur section, offrent une liqueur glutineuse jaune sur les bords, et qui se coagule à l'instant qu'elle reçoit l'impression de l'air. (r) L'abricotier a un port majestueux , et élève no- blement ses rameaux touffus et garnis de feuilles épaisses et luisantes, d'un vert foncé. Sa forme régu- lière lui donne le coup d'ceil le plus imposant. Il res- semble au peuplier d'Italie, mais son feuillage plus sombre est aussi plus garni; ce qui le fait paraître moins élancé que l'arbre européen. {V. pi. X).