428 LES PREMIERS POSTES DE LA LOUISIANE. incroyables au lecteur. C'est pourquoy je ne veux pas m'y arrester. Je n'en parlerois pasmesme, si je n'en avois pas esté témoin, aussy bien que beaucoup d'autres François qui y estoient présens avec moy. Ceux qui font ces sortes de tours, qu'ils soient magiques ou autrement, sont fort estimés des autres Sauvages. Ils ont beaucoup de confiance en leurs ordonnances dans leurs maladies. Ils ont une feste au commencement de Septembre, dans laquelle ils ressemblent par un costé aux anciens Lacédémo-niens, c'est que le jour de cette feste ils fouettent leurs enfans jusqu'au sang. Tout le village est alors assemblé dans une grande place. Il faut que tous y passent, garçons et filles, vieux et jeunes, jusqu'au plus bas âge, et quand il y a quelques enfans de malades, la mère est fouettée pour l'enfant. Après cela, ils font des danses qui durent toute la nuit. Les chefs et les vieillards font une exhortation aux fouettés, leur disant que c'est pour leur apprendre à ne point craindre les maux que leur pourroient faire leurs ennemis, et de se montrer bons guerriers, et de ne point crier ny pleurer, mesme au milieu du feu, supposé qu'ils y fussent jetez par leurs ennemis. Nos cinq François, après s'estre reposez en voyant cette feste, partirent avec les dix Sauvages des Alibamons, qui les conduisirent jusqu'à dix lieues près de leur village. Ils dirent à nos François de rester en cet endroit, parce qu'ils alloient à leur village, devant avertir les chefs afin qu'on les vinst recevoir le lendemain pour les y conduire ; mais pendant que les François dormoient, ils vinrent la nuit sans bruit, se saisirent de leurs armes et en tuèrent quatre, le cinquième s'étant eschappé. Comme il se sauvoit, s'estant jeté à l'eau