January 18, 2007

La direction prise par la Somalie suscite l'optimisme des États-Unis

Par Jim Fisher-Thompson Rédacteur de l'USINFO

Washington - Le 17 janvier, à l'occasion d'une conférence sur l'avenir de la Somalie parrainée à Washington par le Centre des études stratégiques (Center for strategic Studies, CSIS) et le Centre international Woodrow Wilson, la secrétaire d'État adjointe pour les affaires africaines, Mme Jendayi Frazer, a fait part de son optimisme en ce qui concerne les progrès faits par la Somalie en vue de la formation d'un gouvernement d'unité nationale qui devrait rétablir la sécurité et la stabilité dans ce pays ravagé par les luttes intestines et les seigneurs de la guerre.

Malgré l'agitation qui règne depuis seize ans dans ce pays dépourvu de gouvernement central efficace, a-t-elle expliqué, l'espoir d'une paix durable commence à voir le jour et l'optimisme est possible maintenant que le Conseil des tribunaux islamiques (Islamic Courts Council, ICC), un mouvement extrémiste qui était parvenu à dominer presque tout le pays, a été évincé.

S'étant récemment rendue au Kenya, en Éthiopie, à Djibouti, au Yémen et en Ouganda pour rallier l'appui des pays de la région et de la communauté internationale à des mesures visant le règlement du conflit en Somalie, Mme Frazer a déclaré : « Si j'ai tiré un enseignement de ce voyage, c'est que les Somaliens sont prêts pour la paix ; ils sont fatigués de la guerre. »

Tempérant l'optimisme de Mme Frazer, le sénateur Russell Feingold a pour sa part fait valoir : « Il faut que les États-Unis œuvrent avec célérité pour empêcher un retour à la violence sur une grande échelle en Somalie. Plus que jamais, l'instabilité en Somalie a des conséquences sur la sécurité de la région et sur notre propre sécurité nationale. »

Après des années de conflits intermittents, une autorité centrale fragile baptisée « gouvernement fédéral de transition » bénéficiant du soutien des Nations unies, de l'Union européenne et des États-Unis a été établie en 2004. Malheureusement, ce gouvernement n'a pu exercer de véritable autorité en dehors de la capitale provinciale de Baidoa, et des seigneurs de la guerre et des chefs de clans ont continué à se disputer le contrôle de Mogadiscio.

En 2005, le Conseil des tribunaux islamiques a commencé à faire face aux seigneurs de la guerre dans la capitale pour finalement les en chasser. Mais, de plus en plus dominé par des partisans du djihad professant des sentiments anti-occidentaux, le Conseil des tribunaux islamiques n'est pas arrivé à s'entendre avec le gouvernement fédéral de transition lorsqu'il a participé plus tard à des pourparlers qui se sont tenus à Khartoum (Soudan).

Durant l'été 2005, la Somalie est de nouveau devenue un vaste champ de bataille alors que le Conseil des tribunaux islamiques, de plus en plus influencé par les partisans du djihad et d'Al-Qaïda, a commencé à consolider son pouvoir sur l'ensemble du territoire somalien et à avancer sur le quartier général du gouvernement fédéral de transition à Baidoa.

Mais en décembre 2006, avec l'aide de troupes éthiopiennes et à la surprise de bien des spécialistes, les forces du gouvernement fédéral de transition ont débusqué les soldats du Conseil des tribunaux islamiques et les ont chassés de Mogadiscio.

Aujourd'hui, a fait observer Mme Frazer, « nous avons véritablement une chance de reconstruire la Somalie et de rétablir une forme de gouvernement efficace et représentative de l'ensemble de la société somalienne ».

Le professeur Ken Menkhaus, un spécialiste de la Somalie au Davidson College, a estimé que des changements « extraordinaires » s'étaient produits dans le courant de la seule année 2006. « Le gouvernement de transition, naguère moribond, est maintenant actif », a-t-il dit, tandis que le Conseil des tribunaux islamiques a été l'auteur de sa propre défaite par sa « radicalisation » et « ses appels au djihad contre l'Éthiopie ».

L'ambassadeur éthiopien Samuel Assefa a assuré à l'auditoire que la présence militaire de son pays à Mogadiscio et dans d'autres parties de la Somalie serait temporaire et qu'un retrait progressif des forces éthiopiennes allait commencer immédiatement.

Depuis la défaite de l'ICC, a souligné Mme Frazer, « je crois que nous avons fait des progrès notables en vue de soutenir les institutions du gouvernement de transition et de préparer le déploiement rapide d'une force africaine de maintien de la paix, qui constitue notre objectif immédiat ».

Les Nations unies ont approuvé l'envoi d'une force de maintien de la paix de 8.000 soldats maximum en Somalie. L'Ouganda a répondu à cet appel par une offre de 1.500 soldats à cette fin.

Au cours de sa visite à Nairobi, Mme Frazer a annoncé une contribution de près de 17 millions de dollars à l'appui des opérations de maintien de la paix en Somalie. Cette contribution s'inscrit dans le cadre des 40 millions de dollars que les États-Unis se sont engagés à verser au titre de l'aide immédiate à ce pays. Selon l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), les États-Unis ont affecté 95 millions de dollars à l'aide humanitaire et aux programmes de développement en Somalie pour 2006-2007.

Mme Theresa Whelan, vice-ministre adjointe de la défense chargée des affaires africaines, a déclaré aux conférenciers qu'il était nécessaire « d'inciter quelques États arabes et nord-africains membres de l'Union africaine à s'impliquer » dans les efforts de maintien de la paix. Les pays nord-africains, en particulier, « ont des ressources considérables qu'ils peuvent apporter » à cet effort, a-t-elle dit.

Interrogée sur les informations parues dans la presse selon lesquelles 70 civils auraient été tués dans une attaque aérienne américaine menée au début de janvier contre des membres soupçonnés d'Al-Qaïda dans le sud de la Somalie, Mme Whelan a répondu sur un ton catégorique : « Je puis vous assurer qu'ils étaient tous des combattants. La frappe américaine n'a fait aucune victime civile. »

« Ces individus appartenaient tous à une milice, ils étaient membres du Shebab », une faction de combattants radicaux djihadistes au sein de l'ICC, dont ils assuraient la sécurité personnelle des dirigeants, a affirmé Mme Whelan.

Le Shebab, a-t-elle poursuivi, « a aidé à donner refuge aux trois terroristes affiliés à Al-Qaïda que nous recherchons dans le cadre de l'enquête sur les attentats commis (en 1998) contre nos ambassades au Kenya et en Tanzanie ».

M. Ismaïl Bubaa, ministre des affaires étrangères du gouvernement de transition, a affirmé que son gouvernement avait réclamé cette opération aérienne « contre des djihadistes et des terroristes » acharnés, selon lui, à déstabiliser toute la Corne de l'Afrique.

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