( S30 ) nées à alimenter l'armée anglaise dirigée contre les^colo- nies françaises. Ce n'est pas sans un vif chagrin que j'ai vu les ennemis de ma patrie tirer de votre pays des moyens de subsistance, sans lesquels il leur aurait fallu renoncer à toute espèce de tentatives, et que je me suis trouvé dans l'impossibilité de les en empêcher. En effet qui aurait pu arrêter l'exportation de ces farines, si ce n'était le Gohvernement des Etats-Unis : et quand je l'en aurais sollicité, anrais-je pu compter sur sa condescendance à ma demande, lorsqu'il aurait regardé cette condescen- dance, plurôt comme une faveur que comme un devoir de sa neutralité. Mais, monsieur, il est une autre circon- stance sur laquelle les lettres des consuls français ne me laissent aucun doute, et sur laquelle les loix que le Gou- vernement Américain s'est' tracées pour sa neutralité, l'obligent de porter son attention. Les bàtimens que les Anglais- ont achetés, sont montés par des capitaines et des matelots- américains. S'il est défendu à vos con- citoyens de servir la cause de la France, ils ne doivent pas non plus se ranger sous le pavillon de la Grande-Bre- tagne, ou la neutralité ne. serait plus qu'un vain mot et un moyen sûr d'a6sister en secret, sans courir de risque, une puissance qu'on n'oserait aider ouvertement. Il est encore un autre objet, monsieur, sur lequel je dois fixer vos regards. Le consul de Norfolk m'a in- formé que les Anglais font acheter un grand nombre de chevaux en Virginie, et qu'on a même établi des écuries près de Norfolk pour' les recevoir. Ces chevaux sont destinés à- monter la cavalerie anglaise qu'on doit dé- barquer à St. Domingue pour en tenter la conquête, et chercher à en opérer la ruine. Si la France est intéressée à renverser ces projets, les Etats-Unis doivent aussi peut- être sous certains rapports en prévenir l'exécution ? Leur neutralité en outre leur impose l'obligation d'arrêter l'ex- portation des chevaux qui constitueront la principale force de l'armée anglaise. Les chevaux sont contrebande de guerre; vous le savez, monsieur, et toute contrebande de guerre ne peut être fournie à une puissance en guerre, sans que l'autre puissance n'ait le droit de s'y opposer