a44 VOYAGES alimenter un corps qui semble leur être à charge. Souvent on les rencontre en haute mer, et on les voit aborder sur les vergues du vaisseau ; ils s'y laissent prendre, ou paroissenl insensibles au massacre de leurs semblables, qu'on assomme à côté d'eux, sans prévoir que le même sort les attend. Ils n'ont pas la moindre prudence, et la méfiance qui caractérise en général tous les oiseaux d'eau. Les fous, quoique palmipèdes, se perchent facilement; ils sont aussi très-bons nageurs, volent avec légèreté, enfin sont en état, sous tous les rapports, d'éviter ou de se soustraire au danger qui les menace; mais, soit apathie ou sécurité inconsidérée, ils ne redoutent point l'homme, malgré les exemples fréquens de ses cruautés, et ne se troublent point à la vue même de ses nouveaux projets de destruction. Je n'en tuai que deux pendant mon séjour à Saint-Domingue, mais de si près, que mon coup fit balle. Les deux autres cependant prirent le vol au bruit de l'explosion; ce qui dénote en faveur de cette classe trop confiante, qu'il existe des exceptions. On mange sans répugnance la chair du fou, lorsqu'on a eu la précaution de le dépouiller. On le prépare alors à la daube ou en salmis.