Le représentant spécial des États-Unis entame des consultations au Pakistan
La coopération sur la sécurité et l'aide au développement sont deux éléments clés de la stabilité de la région.


Washington - Le représentant spécial du président Obama pour le Pakistan et l'Afghanistan a entamé des consultations avec les dirigeants pakistanais à Islamabad. À l'ordre du jour : comment collaborer de manière efficace pour renforcer la sécurité et promouvoir la croissance économique.

« Je suis ici pour écouter et apprendre quelles sont les réalités du terrain dans ce pays d'une importance cruciale », a dit l'ambassadeur Richard Holbrooke, dans un communiqué publié le 9 février par l'ambassade des États-Unis à Islamabad. « Les États-Unis souhaitent examiner leur politique et renouveler leur engagement et leur amitié envers le peuple du Pakistan. »

M. Holbrooke s'est entretenu avec le président Asif Ali Zardari, avec le premier ministre Yousouf Raza Gilani et le ministre des affaires étrangères Shah Mahmoud Quereshi, et avec le chef de l'armée, le général Ashfaq Kayani, pour solliciter leurs points de vue respectifs sur la manière d'appuyer le gouvernement civil pakistanais et d'œuvrer de concert pour contrer la recrudescence de la violence par les militants dans les régions tribales du Pakistan.

M. Qureshi s'est félicité de ce voyage entrepris par M. Holbrooke, disant qu'il marque « une aube nouvelle » dans les relations américano-pakistanaises.

« La situation au Pakistan est très grave, non seulement au regard des Régions tribales sous administration fédérale, mais aussi sur le plan de son économie, qui a récemment été éprouvée par de regrettables événements, a dit M. Holbrooke dans un discours prononcé le 8 février, à la Conférence de Munich sur la sécurité. « Ce pays a besoin de l'aide, de la sympathie et du soutien de la communauté internationale. »

Les forces de sécurité pakistanaises sont actuellement engagées dans des combats difficiles contre les militants des régions tribales du pays, de même que dans la Vallée de la Swat, à 160 kilomètres d'Islamabad. Un ingénieur polonais est la toute dernière victime d'une série de rapts et d'exécutions, alors que les média rapportent des informations selon lesquelles les militants talibans responsables des attaques du 11 février contre deux bâtiments du gouvernement afghan, seraient basés dans la région frontalière entre l'Afghanistan et le Pakistan ;

« Il s'agit d'un théâtre de guerre unique, à cheval sur une frontière mal délimitée », a dit M. Holbrooke. « Du côté ouest, les forces de l'OTAN et les autres sont en mesure d'effectuer leurs opérations. Du côté est, c'est un territoire souverain, celui du Pakistan. »

M. Holbrooke est un participant clé dans l'une des priorités principales de la politique étrangère du gouvernement : à savoir, améliorer la sécurité en Afghanistan en éliminant les sanctuaires des terroristes, et acheminer une nouvelle aide à la reconstruction et au développement dans les régions voisines.

« Ce que nous n'avons pas vu (dans la région frontalière entre l'Afghanistan et le Pakistan) est le genre d'effort concerté nécessaire pour la débarrasser de ces sanctuaires, ce qui conduirait, en fin de course, à la réussite de notre mission », a dit M. Obama lors de sa conférence de presse du 9 février. « Je pense que le nouveau gouvernement du Pakistan et le président Zardari sont profondément attachés à contrôler cette situation, et nous voulons être des partenaires efficaces avec eux dans ce domaine. »

Facilitateur chevronné de la paix au nom des États-Unis, connu surtout pour ses efforts qui ont permis de mettre fin à la guerre bosniaque, M. Holbrooke rapportera avec lui les opinions que lui auront exprimées les dirigeants de la région, pour les ajouter à l'examen global, effectué à la Maison-Blanche, de la politique et des défis à relever à la frontière afghano-pakistanaise. Un spécialiste de la région, Bruce Reidel, dirigera cette évaluation. Le gouvernement prévoit de l'achever avant le départ du président Obama pour l'Europe, à l'occasion du sommet marquant le 60e anniversaire de l'OTAN, le 2 avril.

Les responsables pakistanais ont offert de créer une commission interadministrative pour contribuer à cette réévaluation politique par les États-Unis.

M. Holbrooke s'est rendu dans la région alors que la commission des affaires étrangères du Sénat américain se penche sur un nouveau projet de loi d'aide au Pakistan, qui allouerait jusqu'à 1,5 milliard de dollars par an à l'aide au développement économique de la région frontalière avec l'Afghanistan. Parmi les propositions sous examen : le financement de la création de zones de reconstruction, qui seraient des parcs industriels où des chefs d'entreprise et fabricants pourraient créer des emplois locaux et vendre leurs produits exempts de droits de douane aux États-Unis.

M. Holbrooke s'est également rendu dans les régions tribales du Pakistan, où il s'est entretenu avec des responsables du gouvernement et de l'armée, de même qu'avec des personnalités des collectivités locales et des représentants d'organisations caritatives, a indiqué le porte-parole par intérim du département d'État, Robert Wood. M. Holbrooke poursuivra ses consultations lorsqu'il se rendra en Afghanistan et en Inde.