— 176 — impérial, qui n'avait plus de bornes, convoitait l'évêché de Durango, un des bénéfices ecclésiastiques les plus opulents du Mexique. La faveur directe du souverain était un moyen certain de succès. Mais le choix de ce prêtre n'était pas fait pour apaiser les esprits et rallier les dissidents. Maximilien espéra-t-il ainsi donner des gages au Saint- Siège, et se concilier ses bonnes grâces par l'appel d'un mi- nistère réactionnaire, à cette seule fin de faciliter les démar- ches de l'impératrice Charlotte ? Cela est croyable, surtout si on évoque le souvenir de son récent voyage à Rome et les engagements qu'il y contracta envers le Saint-Père, comme les aspirations de sa jeunesse, prises sur le fait dans les Tableaux de sa Vie qui viennent d'être publiés à Leipzig par ordre personnel de son frère, l'empereur François- Joseph. L'archiduc était d'humeur profondément catholique, autant par instinct que par éducation. Les tendances de sa dévotion de prince du sang l'entraînaient vers le mysti- cisme, de même que sa fierté d'être issu du grand Charles- Quint lui faisait dire que rien n'était supérieur au droit divin. Devant ce seul droit, le prince enfant courbait la tête en attendant qu'il acceptât d'un prétendu suffrage populaire la couronne entrevue sans cesse dans ses rêves. Car Maxi- milien se croyait prédestiné ; c'est là le secret de son aven- ture mexicaine qui, dans sa pensée, on le verra plus tard, n'était pas le terme de ses espérances. En présence de ses aspirations religieuses qu'avait dû surexciter sa visite au Saint-Siège, on eût compris, quoique c'eût été impolitique à notre avis, que, dès sa prise de possession du trône, Maxi- milien eût radicalement embrassé la cause cléricale, luttant franchement du premier coup contre le mouvement libéral.