112 VOYAGE AUX ANTILLES. et espagnoles. Les philanthropes s'étaient montrés bien ignorants du passé, en ne prévoyant pas ces faits. La société antique, fondée sur l'esclavage, n'a- vait non plus ni hôpitaux publics, ni hospices, ni asiles pour les orphelins, avant que le plus grand nombre des affranchissements eût imprudemment augmenté le nombre des prolétaires. J'ai déjà dit dans mon Histoire des Classes ouvrières et des Classes bour- geoises que le premier document relatif à l'établisse- ment d'aumônes régulières, faites aux indigents, est une loi de Constantin, de l'année 315; et on lit au chapitre m de la vie de sainte Fabiola, écrite par saint Jérôme, que cette grande et illustre matrone fit éle- ver à Rome, avant la fin du ive siècle, le premier hôpital que les peuples anciens aient jamais vu. Les mêmes causes produisent donc les mêmes effets ; et de même que l'émancipation des esclaves antiques amena la mendicité et l'établissement des hôpitaux dans la société grecque et romaine, l'émancipation des noirs devait naturellement amener le paupérisme et la fondation des hospices et des asiles dans les co- lonies anglaises. Les colons d'Antigue ont fait tout ce qui était hu- mainement et en leur pouvoir, même -ce que la loi ne leur demandait pas, pour inspirer aux noirs l'amour