Discours/Op-Ed 2008
Solidarité avec le peuple cubain
Ouest France, 23 mai 2008
Le 21 mai, nous avons célébré le courage et la détermination dont fait preuve le peuple cubain alors qu'il milite pour sa liberté et pour sa participation à l'instauration d'un avenir démocratique pour son pays. Nous avons marqué ainsi la Journée de solidarité avec le peuple cubain.
Nous avons appelé à la libération de tous les prisonniers politiques cubains, et à l'annulation des mesures qui permettent au gouvernement d'arrêter tout citoyen qui manifeste pacifiquement une opinion divergente. Les Cubains doivent savoir qu'ils ont l'appui de la communauté internationale dans leur lutte pour la liberté et les droits de l'Homme comme l'avaient eu, naguère, les peuples d'Europe centrale.
Il est beaucoup question, dans les médias, des transformations récentes annoncées à Cuba. Il est vrai que Raoul Castro a remplacé son frère dans certaines fonctions, mais les citoyens cubains n'ont rien eu à dire à ce sujet. Il est vrai, également, que les Cubains peuvent maintenant se procurer des téléphones portables et des fours à micro-ondes et loger dans des hôtels cinq étoiles. Ils peuvent s'en réjouir, mais ils espèrent sans doute beaucoup plus. Comme le revenu mensuel moyen des Cubains n'atteint pas 20 dollars, ces avantages sont encore largement hors de leur portée, et ils ne permettent toujours pas aux Cubains de faire ce que font d'autres peuples des Amériques, c'est-à-dire saisir les occasions de progrès qu'offrent une société libre et des marchés ouverts.
Un nouveau Cuba ?
Les Cubains vivent toujours dans un État qui les opprime, et ce depuis près d'un demi-siècle. En décembre dernier, les autorités cubaines ont opéré une descente dans une église catholique où elles ont lâché des bombes de gaz lacrymogène et expulsé dix-huit paroissiens. Selon un ecclésiastique, il s'agissait de « la pire attaque contre une église en quarante-cinq ans ». Il y a seulement quelques semaines, les « Dames en blanc », qui manifestent pacifiquement chaque dimanche pour obtenir la libération de leurs êtres chers injustement emprisonnés, ont été battues et chassées de la « Place de la révolution » alors qu'elles cherchaient à remettre aux autorités une pétition en faveur de la libération des prisonniers politiques. Est-ce là l'ébauche d'un changement ?
Comment, savoir si un processus durable de changement démocratique est bel et bien lancé dans cette nation insulaire ? Nous saurons qu'il existera un nouveau Cuba lorsque les Cubains seront libres de s'organiser, de se rassembler et de s'exprimer. Nous saurons qu'il existe un nouveau Cuba lorsqu'une presse libre et indépendante pourra fonctionner à l'abri des censeurs. Nous saurons qu'il existe un nouveau Cuba lorsque les autorités cubaines autoriseront les Cubains à créer des entreprises et à améliorer la situation économique de leur famille. Par dessus-tout, nous saurons qu'il existe au moins l'ébauche d'un nouveau Cuba lorsque le régime aura libéré ses prisonniers politiques et ouvert avec le peuple cubain un dialogue ouvert et exhaustif relatif à l'avenir du pays.
Être solidaire avec le peuple cubain, cela signifie soutenir sa lutte en faveur de toutes les libertés énoncées dans la Déclaration universelle des droits de l'Homme, ainsi que dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Cuba a récemment signé ce dernier accord, mais quand les actes du gouvernement correspondront-ils à ses engagements ? Comme peut l'attester tout prisonnier politique cubain, l'État n'a sûrement pas mis en application la disposition selon laquelle « nul ne sera assujetti à la torture ni à un traitement ou à une punition inhumaine ou dégradante ». La réalité est que des Cubains se sont fait arrêter et des étrangers expulser pour avoir distribué des exemplaires de la Déclaration universelle des droits de l'Homme.
Le 21 mai, le gouvernement des États-Unis s'est uni en solidarité au peuple cubain, en particulier aux prisonniers de conscience qui demeurent derrière les barreaux. Par cette action, nous avons voulu rendre hommage au peuple de Cuba qui continue de revendiquer son droit à la liberté. Nous espérons que la communauté internationale ne l'oubliera pas.