DE L'ESCLAVAGE. n5 EiÉsope, etEpictète,et Terence , et Phè- dre , et cette foule d'esclaves estimés chez les Romains , avaient-ils perdu leur es- prit dans la servitude ? Le chagrin n'a- brutit que les sots. L'homme d'esprit se roidit contre l'infortune , et il espère en lui. Que parle-t-on des nègres ? L'escla- vage est leur élément. Ils ne changent pas d'état en entrant esclaves dans les colonies. L'esclavage abrutit les nègres ! Raisonneurs ! il les fallait voir ces nègres dans nos ateliers ! il fallait les voir dans le temps de leurs loisirs et de leurs fêtes ï il fallait les entendre chanter* et rire au milieu de leurs travaux ! Est-on abruti par le chagrin , quand on rit, et qu'on ne cherche qu'à rire, quand on se pare , quand on chante et quand on danse ? r C'est aux Etats-Unis que la question i L'on voyait souvent des colons anglais dans nos villes de Saint-Domingue ; ils étaient étonnés de voir nos nègres toujours gais et disposés à rire. On leur en disait la raison, et ils baissaient les yeux. Nous aimons, nous soignons nos nègres, et nous rions avec eux sans familiarité. Le* Anglais n'ont pas ces secrets-là.