AU TEXAS ET AU MEXIQUE. 277 La science médicale, dans les nouveaux États de l'U- nion n'est guère mieux représentée que la magistrature. Le docteur, qui avait le plus de vogue à Bronwsville, était un Yankee, qui, à l'époque de la guerre contre le Mexique, eut à faire l'amputation d'une jambe. Il ne savait com- ment s'y prendre et n'avait aucun instrument de chirur- gie. Il alla chercher la scie d'un boucher, et, avec une ingénuité horrible, il se mit à scier cette jambe comme un morceau de bois. 11 n'avait jamais assisté à une am- putation. Le patient mourut au milieu même de cet atroce supplice. Quand Brownsville fut fondée, notre doc- teur avait trouvé bon de se faire portefaix, méfier lucra- tif alors, mais très-fatigant; aussi, reprit-il bientôt sa profession de médecin. Il tua tant de monde et si vite, qu'il dut y renoncer encore. A force d'intrigue et d'au- dace, il réussit à se faire nommer représentant au con- grès d'Austin. La session finie, il revint à Brownsville, et, ne pouvant vaincre son funeste penchant pour son pre- mier état, il se refit docteur, après avoir lu rapidement quelques livres de médecine. Ses connaissances théra- peutiques étaient telles, que, pour une femme qui mou- rait de phthisie, il ordonna une forte dose d'acide sul- furique, afin de brûler les tubercules pulmonaires. Deux jours après, j'enterrai la pauvre femme. Pour une maladie d'intestins, il ordonna des injections de cire d Espagne fondue ! On riait de ses remèdes, comme on riait des exploits du shérif; les pauvres malades seuls n'en riaient