22 et la Dominique ; sept lieues de mer seulement sé- parent ces îles ; comment s'obstiner à vouloir que le nègre reste enchaîné dans nos possessions, lors- que, du lieu même de sa servitude, il voit ses frères émancipés et entend, pour ainsi dire, la voix de la liberté? Voici l'argument dans toute sa force. Les conseils coloniaux et les gouverneurs y ont d'avance répondu : « Des esclaves fugitifs sont revenus vers leurs « familles, leurs cases et leur travail, » a dit M. le contre-amiral de Moges T dans son discours d'ou- verture de la session du conseil colonial de la Mar- tinique. La nécessité, cette loi impérieuse à laquelle tout doit céder, ne peut donc pas être appelée à l'aide de l'émancipation. Il nous est démontré que les es- claves, habitués à un sort qui n'a rien de pénible pour eux, respectant l'autorité du maître, ne seront pas plus entraînés à la révolte par l'exemple de l'é- mancipation anglaise qu'ils ne l'ont été par celui de Saint-Domingue , ou par le souvenir de la liberté de 4795. Nous croyons même que le temps, si aucune excitation ne vient de la métropole, ne fera qu'atténuer les effets de la contagion. Le nègre , imprévoyant et paresseux de sa nature, trouvera que la liberté ne donne pas à ses voisins tout le bien qu'ils en avaient espéré, et, témoin de leurs peines, se résignera plus facilement à son sort. Effets de l'éman- Ne devons-nous pas cependant accepter l'éman- cipation am. c[pat*on ^ sj d'autres expériences nous avertissent