90 ,L'EXPEDITION DE << A JEANNETTE >. sait incliner celui-ci de 120 du c6td de tribord, lorsque les deux chasseurs me passerent leurs fusils et grimperent sur le pont a l'aide d'un bout de cable que je leur avais jet6. Peu apres, la pression diminuant, le navire se redressa. Chacun dtait a son poste, pret a tout evenement. Mais entre cinq et six heures, la pression recommenca; les glaces souleverent l'avant du navire, tandis que la poupe s'enfongait. Celui-ci se releva de nouveau a tribord; la pression etait alors 6pouvantable. Les gemissements de toute sa membrure, les soubresauts que lui imprimaient, chaque 6treinte nouvelle, les sourds grondements qui s'echappaient de partout, les craquements des assemblages du pont, et les vibrations de tous les agres, indiquaient assez la terrible position dans laquelle se trouvait la Jeannette. Pour tous, elle ne pouvait plus echapper a ce dilemme, ou s'6lever sous l'effort de la pression et tomber sur le flanc, ou perir ecrasee. Cependant, je dois-dire que le tirant d'eau de la Jeannette ayant considerablement diminud depuis notre entree dans les glaces, nous nous etions flattes qu'elle se relevrait sous la pression qui ne pouvait plus s'exercer que sur les parties arrondies de la carene (( Je n'oublierai jamais, dit M. Newcomb, la maniere dont, a ce moment, les echelles de la passerelle se d6placerent et se mirent a danser sur le pont, comme les baguettes sur la peau d'un tambour. Au milieu de cette scene sauvage, un dechirement epouvantable se fit entendre, et le machiniste Lee se precipita sur le pont en criant: ( La glace penetre dans la soute au charbon. )