November 28, 2007

Les entreprises américaines s'adaptent aux pratiques religieuses de leurs employés

Par Louise Fenner Rédactrice de l'USINFO

Washington - La nécessité de s'adapter aux diverses croyances et pratiques religieuses de leurs employés oblige les sociétés américaines à trouver les moyens de faire face à cette question relevant directement de la grande diversité qui caractérise désormais leur main-d'œuvre.

« Bien des entreprises ne savent pas encore comment procéder, mais elles savent qu'il faut prendre des mesures », a dit à l'USINFO M. David Miller, directeur du Centre pour la foi et la culture de l'université Yale.

Selon M. Miller, responsable du programme intitulé « Éthique et spiritualité sur le lieu de travail », les entreprises des États-Unis sont « assoiffées » d'informations sur la façon d'aborder les questions religieuses touchant leur personnel.

Les immigrés de foi musulmane, hindoue, bouddhiste, entre autres, augmentant régulièrement, la main-d'œuvre est désormais bien plus diverse que jadis au plan religieux. En vertu de la loi en vigueur aux États-Unis, les employeurs doivent prendre les mesures qui permettront à ces personnes de respecter le rituel de leur religion, à moins que cette « adaptation » n'entraîne des aménagements au coût trop lourd pour l'entreprise.

Mais ce n'est pas la seule raison pour laquelle les employeurs doivent trouver des solutions aux questions liées à la religion.

« La foi, au travail, est un authentique mouvement social », a souligné M. Miller, ajoutant que, pour nombre d'employés, la foi est le guide de l'honnêteté et du bon comportement ; elle peut les aider à accepter leurs obligations professionnelles et à ne pas baisser les bras lorsque la situation au plan du travail n'est pas idéale. La foi est donc un élément indissociable de leur personnalité.

D'ailleurs, sur un marché du travail de plus en plus concurrentiel, les sociétés attirent davantage d'employés qualifiés qui leur demeurent fidèles et elles disposent d'une base de clients plus large lorsqu'elles respectent les différences religieuses.

« Il s'agit là d'une tendance puissante qui prend de l'ampleur (...) Lorsque nous avons commencé à nous pencher sur la question, tout le monde disait que la dimension religieuse de la diversité était insignifiante. Aujourd'hui, lorsque vous assistez à des réunions sur la diversité, la religion est une question qui figure en bonne place à l'ordre du jour », a dit Mme Georgette Bennett, présidente du Centre Tanenbaum pour la compréhension entre les religions.

Comme M. Miller, Mme Bennett prodigue des conseils aux entreprises sur la façon de procéder aux ajustements nécessaires pour permettre à leurs employés de respecter les pratiques de leur religion tout en évitant de susciter un sentiment de favoritisme chez ceux qui ne sont pas concernés. « Nos recherches indiquent que la simple existence d'un règlement écrit (concernant l'expression religieuse sur le lieu de travail) peut aider à réduire le sentiment de préjugés », a précisé Mme Bennett, ajoutant que si la religion est souvent mentionnée dans les règlements visant à éviter la discrimination qu'adoptent les entreprises, seulement 4 % des sociétés ont mis en place des règles spécifiques relatives à la pratique de la religion sur le lieu de travail.

Le mot « tolérance » doit être banni, selon eux, de toute discussion ayant trait à la religion sur le lieu de travail. « C'est méprisant. Ce n'est pas de tolérance qu'il s'agit, mais de respect et de compréhension mutuels », a rappelé Mme Bennett.

« La tolérance est un mot inadéquat, qui n'est plus approprié. La tolérance, c'est un seuil minimum. Pour moi, il faut parler de respect mutuel », a fait valoir pour sa part M. Miller.

De l'avis de Mme Bennett, les sujets qui exigent des adaptations sont, entre autres, le port de vêtements associés à une religion en particulier (le voile islamique par exemple), le port de croix (chrétiens) ou de la kippa (juifs), l'autorisation de prendre des congés pour respecter des traditions religieuses, et l'installation de lieux pour la prière et la méditation.

Certaines entreprises s'associent les services d'un aumônier pour conseiller les employés qui ont des préoccupations d'ordre personnel ou professionnel. La société Tyson Foods, par exemple, emploie 120 aumôniers pour ses usines et bureaux de Springdale (Arkansas).

D'autres autorisent la création d'associations d'employés ayant une affinité religieuse. Si nombre d'entreprises craignent que de tels groupes encouragent la division, d'autres, notamment American Express, Fannie Mae et IBM, les ont autorisés et ne se sont heurtées à aucune difficulté. Dans une autre entreprise, Texas Instruments, les employés ont commencé à créer des groupes de discussion où chrétiens et musulmans se retrouvent autour de la table.

« Lorsque cela est bien organisé, les groupes se réunissent, échangent des idées, et organisent des ateliers d'information. Ainsi les gens se familiarisent avec des coutumes qui sont différentes des leurs », a expliqué M. Miller.

Selon Mme Bennett, de nombreuses entreprises « commencent à organiser des réunions de familiarisation » même si elles n'ont pas autorisé la création de groupes d'affinité. « Lorsque vous créez un endroit sûr où les employés peuvent parler en toute sécurité de leurs préoccupations, les résultats sont extraordinaires », a fait observer Mme Bennett.

Il y a quelques années, le Centre Tanenbaum a organisé un groupe de discussion chez General Motors (GM) composé de personnes de religions différentes. Les participants au groupe ont parlé de l'importance qu'ils attachaient à leurs croyances, des stéréotypes liés à leur religion, des sentiments que suscitaient ces stéréotypes et du rôle que jouait leur foi dans l'exécution de leur travail.

« Lorsque la session fut terminée, les réactions des employés furent extraordinaires. Ceux qui appartenaient à une religion minoritaire aux États-Unis étaient reconnaissants d'avoir finalement eu la possibilité d'expliquer leurs croyances et leurs pratiques, et ceux qui appartenaient à des religions majoritaires, notamment des chrétiens et des juifs, étaient aussi très reconnaissants car « on leur avait ouvert les yeux » . La cordialité était palpable dans la salle bondée », a fait remarquer Mme Bennett.

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