157 prisonnier, qu'ils immolaient, dans cette circonstance au Manitou de la Guerre; comme IcFecia-lis des Romains en pareille occasion jettait sur les terres du peuple ennemi une javeline : mais comme ce héraut d'armes ne revenait jamais avec la réponse, maintenant ils se passent de toute formalité, et épargnent une victime. Délivrés de tout embarras de butin, et de train, militaire, les surprises leur sont très faciles, et les précautions, les ruses, et l'adresse avec lesquelles elles sont concertées et exécutées, sont d'un genre tout à fait extraordinaire. Lorsque les Sauvages s'avancent sur le ter-rein ennemi, ils sont capables de marcher des journées entières, en se traînant sur leur ventre, et avec un tel silence, qu'à dix pas on n'entendrait pas le moindre bruit de cent hommes, qui marchent ; ils n'allument ni feu, ni pipes, et mangent ce qu'ils peuvent avoir sur eux, ou des racines, qui tombent sous leurs mains ; les grenouilles mêmes cessent d'être des Manitoux, ou ne le sont, que pour calmer leur faim. Lorsqu'ils découvrent l'ennemi ils serpentent comme des reptiles, entre les broussailles, dans l'herbe, les fossés, et lui sont dessus, quand il y pense le moins. S'ils s'apperçoivent, qu'ils sont découverts, et qu'ils ne puissent pas résister, ils se dispersent dans un moment ; il se cachent, en fuyant, et se réunissent à l'endroit, dont ils sont convenus, comme lieu de refuge, avant d'approcher l'ennemi. C'est une nouvelle raison pour affirmer, que les nations civilisées ne peuvent, que perdre, en faisant la guerre avec les Sauvages. Les scènes d'horreur, qu'offre un camp ennemi attaqué par surprise par les Sauvages, sont au-dessus de toute description. La haine, la fureur des assaillans, qui n'ont devant les yeux, et dans le cœur, que les mânes de leurs parens, qui demandent vengeance ; la