January 11, 2007

Mme Rice s'engage à envoyer de nouveaux conseillers civils en Irak

Par David Shelby Rédacteur de l'USINFO

Washington - La nouvelle stratégie pour l'Irak dont le président Bush a fait part au peuple américain le 10 janvier, lors d'une allocution télévisée, ne se limite pas à accroître le nombre des soldats américains à Bagdad (Irak) en vue d'y rétablir l'ordre public, a déclaré la secrétaire d'État, Mme Condoleezza Rice, le 11 janvier devant la commission sénatoriale des affaires étrangères.

« Nous concentrons notre attention, a-t-elle dit, sur la nécessité de rétablir l'ordre à Bagdad, mais aussi sur la nécessité de renforcer les capacités des administrations locales et provinciales et de pouvoir y distribuer l'aide économique et l'aide à la reconstruction. »

La nouvelle stratégie prévoit que le département d'État enverra en Irak plusieurs centaines de conseillers civils supplémentaires en même temps que les nouveaux soldats. Il s'agit, a-t-elle expliqué, de placer ces conseillers civils dans de nouvelles équipes de reconstruction dans les provinces qui œuvrent de concert avec des responsables locaux en dehors de Bagdad.

À l'heure actuelle, dix équipes de reconstruction dans les provinces formées par les États-Unis et leurs partenaires au sein de la Coalition fonctionnent en Irak, et le gouvernement Bush compte en créer huit de plus.

Il est important de veiller à ce que le gouvernement central irakien soit fort et efficace, mais il est tout aussi important que les administrations locales et provinciales soient en mesure de fournir des services à leurs administrés, a souligné la secrétaire d'État en ajoutant : « En fait, cela nous donne de multiples points de réussite : le gouvernement de Bagdad et également les personnes avec lesquelles nous œuvrons de concert dans les provinces. »

Les équipes de reconstruction dans les provinces devraient, selon elle, permettre aux États-Unis de réaliser leur objectif consistant à encourager une meilleure gouvernance et à favoriser les possibilités économiques dans tout le pays.

Mme Rice a souligné que l'engagement des États-Unis n'était pas à durée illimitée, en déclarant que Washington souhaitait que les Irakiens prennent davantage en charge la situation. « En 2008 et en 2009, le gouvernement irakien devrait assumer à un plus grand degré la tâche consistant à fournir une aide au niveau local. »

Le gouvernement Bush, a-t-elle dit, a une « approche régionale » aux problèmes en Irak. Il s'agit « d'œuvrer de concert avec les États qui ont les mêmes points de vue que nous sur la direction que le Moyen-Orient devrait suivre ». Ce groupe d'États comprend « les réformateurs et les dirigeants responsables » de la région.

L'Iran et la Syrie n'en font pas partie, car ces deux pays ont choisi « de déstabiliser et non de stabiliser », a-t-elle indiqué en répondant ainsi aux membres du groupe indépendant d'étude sur l'Irak et à certains parlementaires américains qui préconisent l'ouverture d'un dialogue diplomatique avec les dirigeants iraniens et syriens au sujet de l'Irak.

Le prix que l'Iran et la Syrie exigeraient pour leur coopération serait inacceptable, a-t-elle dit. L'Iran voudrait des concessions en ce qui concerne son programme nucléaire, et la Syrie en exigerait pour ses activités au Liban.

Mme Rice s'est également faite l'écho du président Bush en déclarant que la situation actuelle en Irak était « inacceptable ». La violence confessionnelle déclenchée par l'attentat à la bombe qui a eu lieu en février 2006 dans la grande mosquée chiite de Samarra menace de faire obstacle au processus de réconciliation nationale qui a permis l'organisation d'élections et la rédaction d'une Constitution, a-t-elle dit. La tâche la plus urgente des États-Unis est d'aider le gouvernement irakien à rétablir la sécurité et à créer la confiance parmi la population, a-t-elle ajouté en soulignant que la réussite dans ce domaine dépendait essentiellement des Irakiens. « Ils sont les seuls qui puissent décider si l'Irak va être un Irak pour tous les Irakiens, un pays qui est uni, ou s'ils vont laisser les passions religieuses détruire cette possibilité d'avoir un Irak uni. »

L'opinion de deux sénateurs

Le président démocrate de la commission sénatoriale des affaires étrangères, M. Joseph Biden, s'est déclaré sceptique au sujet de la nouvelle stratégie du président Bush. « Nous espérions tous que le président nous présenterait un plan susceptible d'améliorer la situation. Au lieu de cela, je crains que ce que le président a proposé risque de l'aggraver encore plus », a-t-il dit à Mme Rice.

L'augmentation des forces américaines à Bagdad qui a déjà eu lieu à deux reprises n'a pas permis d'améliorer la sécurité dans cette ville, a-t-il fait remarquer en ajoutant que ce serait probablement de nouveau le cas. « Je suis convaincu, a-t-il déclaré, que la stratégie du président ne constitue pas une solution, mais qu'elle est une erreur tragique. »

Pour sa part, l'ancien président républicain de cette commission, M. Richard Lugar, a exprimé une opinion plus optimiste du plan du président. « Hier, j'ai dit que le président et ses collaborateurs devraient décrire les objectifs que nous comptions réaliser en accroissant le nombre des soldats, le lieu d'affectation de ces soldats et leur tâche, les raisons pour lesquelles une telle stratégie devait réussir, la participation des forces irakiennes, la durée d'affectation de ces soldats supplémentaires et la manière dont cette stratégie s'insérerait dans nos discussions avec les pays de la région. Le président a bien entamé ce processus avec son discours. »

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