LES TUMULUS. 335 trième monde florissait alors, immense dans ses pro- portions gigantesques , faisant k lui seul le contre-poids des trois autres , dans la grande balance de la terre. Ces tumulus ressemblent sous beaucoup de rapports aux Teocalli ou Adoratorios des Mexicains ; or, Solis, dans sa Conquista de Mejico, nous apprend que les Espagnols, étonnés k la vue de ces premiers villages indiens, crurent voir des clochers, des pyramides, des obé- lisques surgir du milieu des palissades , comme la py- ramide de Bellus et les jardins de Sémiramis surgissaient au-dessus des murs de Babylone. En réduisant tout ce que l'imagination superstitieuse et extravagante des Castillans a entassé d'exagérations dans ce premier coup- d'osil jeté du milieu de la rivière sur les bords des fleuves , il en restera bien assez pour donner une idée de l'importance de ces villes. On doit remarquer encore que dans la position des tumulus , les points cardinaux étaient scrupuleusement observés ; au milieu des plus petits , rangés en cercle , s'élevaient toujours deux mon- ticules beaucoup plus considérables : et ils devaient sans doute servir de forteresses , car nous voyons dans toutes les anciennes relations des conquêtes du Nouveau- Monde , les Indiens retranchés dans ces temples. En d'autres endroits , tels que la rivière Cohokia, il pa- raît certain que les élévations furent formées pour ga- rantir des débordemens: assertion d'autant mieux fondée qu'il n'y a de collines naturelles qu'k plus de deux milles de lk. Mais les Indiens de nos jours ne savent rien de ce qui s'est passé dans leur pays ; ils sont muets sur les anciens temps , et les monumens de leur primitive puissance sont des énigmes pour eux. Seulement ils montrent une grande vénération pour les tumulus, qui,