LA FUITE 177 i» Mais arpenter son territoire, y tracer des lignes de mor- cellement, négocier, sans, son consentement et même sans Ja prévenir, des démembrements et des ventes partielles, ainsi que vous Je faites faire depuis votre retour, c'est porter atteinte à l'unité de son administration, à la sécurité, à la considéra- tion qui lui sont indispensables. » Je répète qu'elle a des difficultés d'administration ; mais je répète aussi que, au moment de votre retour, toutes ces difficultés étaient en voie manifeste de guérison. » J'ajoute que les plus graves difficultés ne viennent pas d'elle, mais de la gérance, qui croit devoir la gouverner de deux mille lieues de distance, au moyen d'une correspondance qui ne peut pas mettre moins de trois mois d'intervalle entre la demande et la réponse, et surtout par l'agence executive qui, ne connaissant que très-imparfaitement la population de la co- lonie et les faits, crée chaque jour, par son intromission dans la direction, une duplicité d'action condamnée d'avance en principe etqueles résultats'condamnent bien davantage encore^ » Je suis donc forcé de dire que si, en vertu d'un coup d'É- tat, on détruit actuellement la société de Réunion, on com- mettra un acte injuste et, de plus, une faute irréparable. » Parmi les immigrants, il n'y en a pas dix sur cent qui veuillent le morcellement et moins encore qui puissent com- mencer et surtout continuer la vie de settlers. » Vous ferez donc des salariés ou des congédiés. » Dans le premier cas, prendront-ils aux affaires du maître qui les emploiera plus d'intérêt qu'ils n'en prennent à leurs propres affaires, et coûteront-ils moins? » Non, ils rétrograderont rapidement et haineusement dans la voie d'amélioration dans laquelle ils sont véritablement entrés, et ils ruineront la caisse. » Dans Je second cas, il est certain que si l'agence executive veut braver l'immense cri de réprobation qui s'élèverait contre elle, la gérance proteste énergiquement contre une semblable pensée. » Que ces deux pouvoirs commencent donc par s'entendre! » Dans le cas du morcellement en vue de quelques bénéfices par acre de terre vendue, que deviendront les bâtiments, les ateliers, les machines, etc., réunis à grands frais en vue de l'association ?