I ( m ) Un nègre efolave , armé, nommé Scapin, attaché aux gens de couleur en qualité de tambour, attaque dans la rue un citoyen k cette ville , & veut le déformer : il lui arrache la garde de fon fabre. C-. nègre elY.bientôt arrêté , conduit à la municipalité, & livré au tribunal prévôtal, qui inftruit fon procès. La fermen- tation devient extrême; le citoyen attaqué faifoit fon fervice de garde nationale dans la compagnie des canonniers. Cette com- pagnie demande qu'il foit jugé prévôtalement fur l'heure. Il étoit furvenu une deputation des hommes de couleur pour de- mander à la municipalité qu'il fût furfis à l'exécution du nègre, qu'ils prétendoient être libre. En vain M- le maire Se plufieurs municipaux ont employé tous leurs efforts pour fouftraire ce nègre a la célérité de l'exécution : le nègre a été pendu , après avoir été arraché de force de l'hôtel-de-ville ; cette fcène fe paffoit à une heure après midi. Sur les quatre heures de relevée, une fcène plus malheureufo a ete la fuite de la. première. Un autre citoyen de cette ville paffoit à cheval fur la place du gouvernement, devant le lieu ou fe tenoit le confeil d'adminiftration des ;gens de couleur. Il etoit auffi de la compagnie des canonniers. 11 s'élève entre lui & plufieurs hommes de couleur , une rixe , & il eft auflitôt bleffé de trois coups de fufil. Rien alors ne peut contenir la multitude : on crie aux armes ; on les prend ; on bat la générale, malgré la défenfe exuême de M. Caradeuc , commandant-général, k auffi malgré les défenfes les plus fortes & les plus réitérées k la part de la municipalité. Les citoyens rangés en bataille, impatiens du retard, & animés par le reffentiment, fo mettent en marche fans attendre aucun ordre fupérieur. Cependant la mnmcipalité qui prévoyoit avec effroi les conféquenees de cette imprudence , avoit envoyé des commiffaires aux chefs des hommes de couleur, pour exiger qu'ils livraffent les coupables aux tri- bunaux de juftice. Les commiffaires avoient rapporté que les chefs des gens de couleur leur avoient dit qu'ils ne counoif- foient pas les auteurs des affaffinats ; qu'ils ne ' pouvoient les .émettre , Se qu'ils étoient fâchés de ce qui venoit de fe paffer. Cette réponfo tranfmife aux citoyens , loin de les fotisfoire, alluma encore leur colère ; ils n'écoutèrent plus aucune voix, m celle des repréfentans du peuple , ni celle de leur comman- dant, & fe portèrent en foule pour attaquer Se difperfor les mulâtres, & les chaffer de la ville. Dans cette extrémité , la municipalité crut devoir venir au fc.cours des citoyens égarés, qui, fans ordre & fans aucun plan,