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Des chefs religieux prêchent la bonne parole sur l’espacement des naissances et le VIH/SIDA

Imam Habib Thiam, second à partir de la droite, explique à des coreligionnaires de Kaffrine que l'Islam défend la santé de la femme et une saine vie de famille. Photo: Richard Nyberg, USAID/Senegal
Imam Habib Thiam, second à partir de la droite, explique à des coreligionnaires de Kaffrine que l'Islam défend la santé de la femme et une saine vie de famille. Photo: R. Nyberg, USAID

Kaffrine, Sénégal – Iman Habib Thiam lève les yeux lorsque s’écarte le rideau de sa chambre. Un des ses amis marabouts habitant dans un autre quartier de la ville lui serre la main et lui parle d’un problème de santé que son épouse a eu la veille au soir et qui les ont tous deux tenus éveillés toute la nuit. Lui répondant, Iman Thiam explique que la santé des femmes est devenue ces temps derniers un vrai problème pour lui et qu’il a pris la décision de lancer des messages qui peuvent sauver des vies à l’occasion de ses prêches à la mosquée.

En fait, depuis qu’il a suivi en novembre dernier une communication sur le point de vue de l’Islam sur l’espacement des naissances et des discussions sur des questions de santé connexes, il ne rate jamais une occasion d’en parler, notamment lors des cérémonies de mariage, de funérailles, de baptême, des prières et fêtes religieuses. Ainsi, lors d’une rencontre de chefs religieux parrainée par l’USAID dans cette ville du bassin arachidier de 31.000 habitants, Iman Thiam a appris des choses choquantes : 15.000 mères sénégalaises pourraient perdre la vie entre 2001 et 2007, dont de nombreuses jeunes filles qui saignent à mort pendant l’accouchement.

« Cela fait 10 fois le nombre de personnes mortes noyées dans le naufrage du bateau le Joola » s’était-il dit, tout abasourdi, les yeux grand ouverts. Ce naufrage qui a eu lieu en septembre 2002 au large de la Gambie est sans doute la plus grande tragédie que le Sénégal ait jamais connue de mémoire d’homme. « Je n’ose même pas imaginer l’ampleur d’une telle catastrophe ».

Le lendemain de la rencontre, Iman Thiam s’employa à prêcher la bonne parole dans la mosquée proche de son domicile. Pour ce faire, il invita l’infirmier du poste de santé à discuter de l’importance de l’espacement des naissances et des questions de santé maternelle. Il affirma que le mariage précoce était « dangereux » pour les jeunes filles et devrait être évité. Il conseilla aux femmes enceintes d’éviter les travaux pénibles et d’aller passer des visites prénatales dans les structures de santé. Enfin, il leur dit qu’il y avait de bonnes raisons économiques et médicales d’allonger les périodes entre deux grossesses.

« L’un des meilleurs canaux pour vulgariser les messages c’est les chefs religieux car nous sommes un peuple de croyants » souligne-t-il. En effet, plus de 90% des Sénégalais sont musulmans et environ 5% chrétiens.

L’USAID a investi environ 120.000 dollars dans des activités destinées à informer les chefs religieux sur les questions de santé de la reproduction et sur les risques du VIH/SIDA. Il s’est agi notamment d’imprimer des kits d’information en arabe et en wolof - la langue nationale la plus courante -, pour expliquer le point de vue de l’Islam sur l’espacement des naissances.

« L’Islam ne force personne à avoir une douzaine d’enfants », rappelle Bashir Niass, enseignant en langue arabe au lycée Waldiodio Ndiaye de Kaolack et coordonnateur régional du Réseau Islam et Population à Kaolack soutenu par l’USAID. Et d’ajouter : « Le mariage dans l’Islam est conditionnel. Si vous en avez les moyens, vous pouvez le faire. Mais au moins vous devez avoir une petite maison et assez d’argent pour entretenir votre femme et vos enfants ».

Oustaze Bachir qui accompagne l’équipe de l’USAID durant ses communications devant les communautés religieuses, de poursuivre : « L’Islam ne rejette pas l’espacement des naissances. Tout le monde sait que l’espacement des naissances est maintenant une nécessité ». Ce qu’il ne cesse de rappeler à ses élèves.

Des preuves existent aussi dans le livre saint de l’Islam. « Le Coran nous dit qu’entre le moment de la conception et celui du sevrage, il faut observer une période de 30 mois » précise Abdou Aziz Kébé, érudit de l’Islam, professeur d’université, et secrétaire général du Réseau Islam et Population.

Le professeur Kébé note qu’il y a une mauvaise interprétation de la contraception dans la société sénégalaise qui en a limité l’extension. « Ce n’est pas le condom qui est mauvais, ce qui est mal c’est d’avoir des rapports sexuels en dehors du mariage » explique-t-il. Les résultats préliminaires de l’Enquête Démographique et de Santé (EDS) de 2005 soutenue par l’USAID montrent un taux national de prévalence contraceptive de 10,3%, soit une augmentation par rapport aux années antérieures mais aussi une indication des graves contraintes aussi bien au niveau de l’offre que de la demande de services de planification familiale.

L’année dernière, 30.908 membres de la communauté ont participé à des séances de discussions sur la santé reproductive axées sur la fidélité et les droits des femmes, ainsi que sur le nombre d’enfants et l’espacement des naissances. L’USAID a aussi financé 627 sessions d’information sur les questions de santé de la reproduction, basées sur un manuel d’éducation à la vie. Ces sessions ont enregistré la participation de près de 6000 jeunes dont plus de la moitié constituée de femmes.

L’USAID a travaillé avec 3500 leaders d’associations religieuses de jeunes, dont 2000 femmes, qui ont participé à des sessions de formation basées sur un manuel d’éducation religieuse à la vie, traduit en arable et traitant des questions de croyance religieuse et de comportement sain.

« Le caractère religieux de notre éducation à la vie a eu un plus grand impact » souligne Louise-Anne Ciss, une catholique membre de la Coalition des Organisations Religieuses de Jeunes contre le VIH/SIDA. « Nous devons communiquer avec les jeunes croyants sur la base de leur foi. Durant la formation, certains ne croyaient pas à l’existence du VIH/SIDA. Maintenant ils y croient ».

A travers son approche, l’USAID voit que les messages sur la santé de la reproduction sont en train de toucher un grand nombre de gens ordinaires par le biais des chefs religieux en qui ils ont confiance et qu’ils vont quotidiennement voir pour obtenir des conseils sur des choix de vie.


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