388 VOYAGE AUX ANTILLES. trouve toujours des navires américains, il ne faudrait pas conclure que le commerce des États-Unis est le premier du monde. Les Américains sont les rouliers de la mer; ils font le charroi des autres peuples plus encore que le leur, et c'est là ce qui explique l'im- mense développement de leur navigation. Lors donc qu'on trouve, soit à La Havane, soit à Saint-Thomas, soit à Liverpool, des navires américains, cela ne veut pas nécessairement dire qu'ils ont à bord des mar- chandises américaines. C'est déjà faire un commerce, et dans lequel tout est bénéfice, que d'avoir le charroi, le transport maritime; mais il est nécessaire d'eu connaître le caractère, et de n'en pas conclure, comme cela serait logique pour les nations européennes, une corrélation avec le développement de l'agriculture et de l'industrie. Ce génie mercantile des Américains s'allie malheu- reusement chez eux à une bonne foi très discutable. Aux États-Unis, dix banqueroutes successives n'ont jamais enlevé un atome à la considération d'un né- gociant. En Europe, c'est le débiteur qui a peur des créanciers ; aux États-Unis, c'est le créancier qui a peur des débiteurs. Si quelqu'un vous doit de l'ar- gent, et que vous le lui demandiez, il vous menace immédiatement de déposer son bilan; ce qui équi-