Le Mali est deux fois plus grand que l'état du Texas, mais
le Sahara domine ses vastes régions du Nord et la plupart de sa population
de 12 millions d'habitants vivent le long d'une bande étroite de savane
marquée par la sécheresse le long des frontières au sud du pays.
Dans de telles conditions, une gestion prudente des
ressources naturelles est essentielle pour empêcher le déboisement et une
désertification accélérée. Or, la plupart des habitants utilisent encore
le charbon de bois comme source principale d'énergie pour préparer des
repas et la production de charbon consomme quelque 54 millions de tonnes
de bois du patrimoine national chaque année.
Dans un effort visant à aider les entrepreneurs maliens à
développer d'autres sources d'énergie peu chères, l'ADF a accordé une
subvention à l'Association de Lutte contre la Désertification (ALCD) pour
lui permettre d'élargir sa production de briquettes de charbon à base de
sous-produits agricoles. Ces produits sont composés principalement de
coton, dah, roseaux de typha et hyacinthe d'eau, une espèce de plante
envahissante qui a pris pied dans de nombreuses sections du Fleuve Niger
au cours des dernières années.
L'ALCD a pris naissance sous forme de projet de reboisement
mené par un groupement de jeunes du district administratif de Kayes, près
de la frontière avec la Mauritanie et le Sénégal. En début des années 90,
les jeunes bénévoles ont planté une nouvelle rangée d'arbres entre la
ville de Kayes et des sections du Sahara qui empiétaient sur la savane de
cette partie du Sahel.
Reconnaissant le lien direct entre le déboisement et la
dépendance quasi exclusive du Mali sur du bois de feu pour la préparation
des repas, en 1996, l'ALCD a obtenu une aide d'une ONG canadienne pour
développer une source d'énergie renouvelable, soucieuse de l'environnement,
à partir de sous-produits végétaux et de molasses. Cette idée est venue
d'un projet en Thaïlande qui avait utilisé des tiges de riz carbonisées
pour produire des briquettes de chauffe de haute qualité.
L'ALCD a noué des rapports avec des familles qui cultivent
le coton dans le but d'obtenir une source régulière de matières premières
et fournir aux femmes des machines permettant de transformer les
sous-produits du coton en poussière de charbon. Ces efforts ont permis de
donner à l'association une source de ravitaillement sûre tout en donnant
aux petits producteurs une nouvelle source de revenus grâce à la vente de
produits qui jusque là n'avaient aucune valeur économique.
L'ALCD utilisera les fonds alloués au titre de l'Accord de
Subvention pour renforcer sa capacité de production, construire deux
nouveaux entrepôts pour stocker les matières premières et les produits
finis (briquettes) et installer l'eau, l'électricité et le téléphone.
L'association achètera aussi les équipements suivants pour accroître la
production de production de l'unité:
·
Deux
bascules de 0,5 pour peser les matières premières et les molasses
·
Un broyeur
pour écraser les matières premières
·
Six
machines à charbonner
·
Deux
lieuses
Les nouvelles machines à charbonner permettront à l'ALCD
d'élargir sa source de ravitaillement en milieu rural et de fournir à
quelque 50 femmes un emploi à plein temps. Les balances, les lieuses et
le broyeur permettront à l'association d'accroître sa production de
briquettes à haut rendement énergétique qui brûlent sans émettre de
substances chimiques nocives.
Au titre de la subvention, le projet recevra des fonds pour
acheter un camion de 10 tonnes et des motocyclettes. Les véhicules
permettront à l'ALCD de se ravitailler en matières premières plus
efficacement et d'accroître sa distribution de briquettes à travers Bamako
et sa banlieue à l'Est. L'association vend ses briquettes sous forme de
fagots de 50 kg et de paquets d'un kg qui sont livrés directement aux
kiosques de café et petits restaurateurs le long de la route et aux
ménages.
Pour asseoir sa position sur le marché et attirer une
clientèle, l'ACLD se propose de lancer une campagne publicitaire à la
radio et la télévision en soulignant le caractère écologique de son
produit et comment sa marque déposée « Jakele » (qui signifie lutte contre
la sécheresse) traduit justement ce souci de l'environnement. La campagne
fera ressortir la qualité supérieure et à bon marché des briquettes Jakele,
qui brûlent plus longtemps que le charbon de bois et coûtent 25% moins
cher à l'unité que des produits dérivés du bois.
AED- Sahel, le partenaire de l'ADF au Mali donnera une
formation aux membres de l'association dans les domaines de la
commercialisation, la gestion d'entreprise, la gestion financière et la
comptabilité, la gestion du personnel et le contrôle de qualité.
Le but de ce projet de cinq ans est de multiplier le
chiffres d'affaires de l'ALCD par 15 et de générer de gros bénéfices.
L'ALCD envisage également de recruter un nombre supplémentaire d'employés
à plein temps, portant ainsi son effectif à 20, et d'augmenter les
traitements à l'équivalent de $823, soit quatre fois plus que le revenu
par habitant de $296.
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