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Des groupements locaux de charbonniers encaissent les profits

Chargement des sacs de charbon à Missirah. Photo: R. Nyberg, USAID
Chargement des sacs de charbon à Missirah. Photo: R. Nyberg, USAID.

A chaque coin de rue de la capitale sénégalaise, Dakar, on voit de petits sachets en plastique noir de un kilo de charbon achetés à 150 FCFA pour faire la cuisine, le thé ou se réchauffer avec de l’encens pendant le froid. Malgré la disponibilité de bonbonnes de gaz subventionné par l’Etat, le charbon de bois représente encore 26% de la consommation nationale d’énergie domestique.

Et quelle bonne affaire ! - du moins pour une petite minorité de veinards. En effet, chaque année, une main d’œuvre essentiellement composée de migrants appelés surgas produit 300.000 tonnes de charbon dans les régions de Tambacounda et de Kolda, qui sont parmi les plus pauvres du pays. Les trois-quarts de la production sont vendus aux prix forts dans les marchés urbains, surtout à Dakar.

Mais ce ne sont pas ceux qui se noircissent les mains - les surgas - qui engrangent les bénéfices. Hassane Ba est l’un d’eux. A 42 ans et dans le métier depuis 27 ans, il arrive difficilement à nourrir ses trois femmes et sept enfants dans le village de Sitaolé Isaac où il s’est installé. Ces dernières années ont été particulièrement dures pour lui. A partir de janvier 2005 il a produit en six mois 300 sacs de 50 kg pour son employeur qui lui a remis en retour un sac de riz et un sac de mil chaque mois mais il a dû attendre le mois d’octobre 2006 pour recevoir de l’argent. Le coût du riz et du mil compris, il a gagné l’équivalent de 112.000 FCFA sur deux ans dont 37.500 FCFA en espèces. Son cas est typique chez les surgas.

La production de charbon est traditionnellement contrôlée en grande partie par des commerçants provenant d’autres régions du pays. Ce sont eux qui engagent les surgas pour couper le bois et faire du charbon. Ces derniers reçoivent une avance sous forme de riz et d’autres biens en attendant que le charbon soit récolté, trois mois après, pour faire les comptes. C’est ainsi qu’ils se retrouvent avec des dettes à cause des intérêts sur les sommes d’argent qui leur sont prêtées et du gonflement des prix des biens avancés. Par ailleurs, avec la demande pressante du marché, les forêts sont surexploitées au-delà des normes fixées pour assurer la régénération des forêts, les besoins en bois de chauffe des riverains ou une meilleure utilisation de certaines essences arboricoles.

Un début de solution a été apporté par le programme agriculture et gestion des ressources naturelles de l’USAID, ou Wula Nafaa, qui a commencé à travailler avec le service des eaux et forêts dans la zone de production contrôlée de Missirah, dans la région de Tambacounda. Ce programme aide à augmenter la part de revenu des producteurs et à promouvoir des mesures de conservation destinées à améliorer la régénération des forêts.

En élaborant des plans d'aménagement forestier durable avec l’appui de Wula Nafaa, les communautés obtiennent le droit de produire elles-mêmes leur charbon. Ces plans prévoient des coupes réglementées et étalées qui permettent d’assurer la durabilité des ressources forestières dans le temps.

En 2006, Wula Nafaa a aidé 122 anciens surgas à produire et vendre leur charbon en contournant les commerçants. Le projet les a aidés à s’organiser en coopératives de commercialisation, a organisé pour eux des voyages à Dakar pour prendre des contacts et calculer les coûts, et a facilité leur accès au crédit pour couvrir leurs charges de production et de transport.

Et ça marche. Trois mois après le démarrage de la production, trois groupements de producteurs appuyés par le projet ont pu vendre 135 tonnes de charbon à Dakar où l’on offre les meilleurs prix, avec un revenu total net de 6.250.000 FCFA soit un bénéfice de 2320 FCFA par sac, comparé aux 600 FCFA par sac qu’ils auraient tirés des commerçants.

Depuis leur collaboration avec Wula Nafaa, Hassane Ba et les autres 12 membres de son groupement ont produit, transporté et vendu 300 sacs de charbon à Dakar. En trois mois seulement, Hassane a déjà gagné 74.000 FCFA, soit, en seulement 1/7ème de temps, plus de la moitié de ce qu’il a gagné pendant les deux années précédentes.

« Ce n’est vraiment pas mal » reconnaît Hassane, « les trois mois de travail à mon propre compte ont été meilleurs que les deux dernières années de travail pour les commerçants ».


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