144 «ELATION DE t'ABBÉ DE GALLINÉE pour revenir des Outaouacs dans le pays des Iroquois. Cependant la crainte que ce sauvage eut de retomber entre les mains des Antastoes luy fit dire à M. Jolliet qu'il falloit qu'il quittast son canot et marchast par terre plustost qu'il n'eust fallu, et mesme sans cette terreur du sauvage, M. Jolliet eust pu venir par eau jusques dans le lac Ontario, en faisant un portage de demi-lieue pour éviter le grand sault dont j'ay déjà parlé, mais enfin il fut obligé par son guide de faire cinquante lieues par terre, et abandonner son canot sur le bord du lac Érié. ' Cependant la maladie de M. de la Salle commençoit à luy oster l'envie de pousser plus loin, et le désir de voir Montréal commençoit à le presser ». Il ne nous en avoit point parlé ; mais nous nous en estions bien aperceus, et d'ailleurs le chemin que M. Jolliet avoit fait avec la nouvelle qu'il nous apprit qu'il avoit envoyé de son monde chercher une nation d'Outaouacs fort nombreuse nommée les Pouteouetamites, où il n'y avoit ja-thais eu de missionnaires, et que ce peuple estoit voisin des Iskoutegas, et la grande rivière qui menoit aux Chaouanons nous fit envie, à M. Dolier et à moy, d'aller chercher la rivière où nous voulions entrer par le côté des Outaouacs plustost que par celuy des Iroquois, parceque le chemin nous en sembla beaucoup plus facile et quç nous sçavions tous deux la langue Outaouaise, Un autre accident nous confirma dans cette pensée, qui fut qu'après avoir équipé ce Sauvage qui nous devoit servir de guide d'un capot, d'une couverture, de chaudière et de couteau, il arriva un Sauvage de chez les Hollandois qui apporta de l'eau-de-vie, dont ces gens là sont fort friands, et prit envie à i. L'abbé de Gallinée se trompe. Comme on le verra ailleurs, le désir de La Salle était de gagner l'Ohio.