PRÉCÉDENTS 47 Après l'immense échec politique qui mit fin à ces illusions, l'École phalanstérienne se concentra en elle-même, s'occnp-i sagement de cicatriser les vieilles plaies de ses finances et attendit en silence un meilleur avenir. Cependant la passion de la réalisation ne s'était point en- dormie, et, dès la fin de 1849, d'honorables phalanstériens de Nantes, de ceux que les manifestations politiques du Centre avaient éloignés de lui, entamèrent des négociations et propo- sèrent une souscription pour l'établissement d'une école. Parmi les diverses formes proposées à différentes époques pour cet établissement,* ils avaient choisi celle décrite sous le titre d'asile rural d'enfants trouvés, et ils avaient déclaré que toute leur confiance et leur concours seraient acquis à celte œuvre, si MM. Laverdant et Savardan voulaient en être les directeurs, le premier pour l'éducation et le second pour l'administration. Ceux-ci, s'étant promptement entendus sur l'œuvre en elle- même et sur la part que chacun d'eux y devait prendre, adressèrent à leurs amis, en 1851, un appel de réalisation d'une colonie maternelle à Condé-sur-Vesgres. Cette belle construction, cette belle propriété qui avait coûté si cher à M. le docteur Dulary, était alors à vendre. Elle avait reçu la double consécration d'une visite de Fou- rier, « et d'un heureux échec » sous le patronage de M. Consi- dérant. Le désir de la relever de cet échec parut à tous une idée heureuse, et, dans l'espace de quelques mois, les cent et quel- ques mille francs nécessaires furent souscrits entre les mains des deux directeurs. Ceux-ci, contrairement aux intentions de plusieurs des sou- scripteurs, avaient voulu que rien ne fût entrepris sans le consentement et le concours du Centre. Ce consentement et ce concours furent accordés, mais (nous le disons à regret) avec une tiédeur et des réticences qui don- naient lieu de penser que ce projet, conçu et repris en dehors des inspirations et de la direction du chef de l'École, et parais- sant' pouvoir s'exécuter sans lui, n'avait conquis qu'imparfai- tement ses sympathies. Aussi, lorsqu'en 1852, à l'instant où la terre de Condé allait être achetée, notre ami, M. Laverdant, manifesta, après deux