254 MARS 1699. DEUX MATELOTS S'ÉGARENT. nous cabanasmes. Nous fismes dans notre journée six lieues, cinquante lieues de l'emboucheure. Le mercredy 11% la pluye continua tousjours, qui nous empescha de partir. L'après midy, la pluye ayant cessé, plusieurs de nos gens allèrent à la chasse; entre autres, deux matelots bretons allèrent dans le bois avec chacun leur fusil, qui s'y enfoncèrent si avant qu'il leur fut impossible de retrouver leur chemin, le bois estant trop touffu et les cannes trop espaisses. Sur les sept heures, lorsque nous vismes qu'ils ne revenoient point, on tira quelques coups de mousquets, par intervalles, du costé qu'ils estoient allez. La pluye recommença sur le soir, qui dura toute la nuit. Le jeudy 12e, sur les cinq heures du matin, M. d'Iberville fit tirer un coup de pierrier, et destacha quatre hommes qu'il envoya dans le bois pour descouvrir leurs pistes, et leur dit de tirer quelques coups de fusil quand ils seroient avancez dans le bois, ce qu'ils firent. Après avoir entré une lieue, ils s'en revinrent et rapportèrent qu'ils avoient entendu un coup dans le bois fort loin, qu'on ne voyoit pas leurs pistes à cause de la pluye qu'il avoit fait pendant toute la nuit. Sur les dix heures du matin, il destacha huit hommes avec chacun leur boussole, qu'il envoya à plusieurs rumbs de vent. Il leur fit prendre du pain au cas qu'ils les trouvassent, leur défendit de revenir que lorsqu'il feroit tirer un coup de pierrier. Il envoya aussi la chaloupe deux lieues le long de la rivière pour voir s'ils ne les trouveroient point. Entre quatre et cinq heures, il fit tirer un coup de pierrier pour faire revenir ces gens. Le temps fut fort sombre pendant tout le jour. Le vendredy i3% sur les sept heures du matin, nous nous embarquasmes. La rivière fait plusieurs détours; sur les cinq.