30 VOYAGE AUX ANTILLES. canon d'origine écossaise, assez laid, beaucoup plus court que les autres, mais dont le caractère princi- pal consiste à avoir moins de recul, un peu à cause des bragues courtes et fixes qui le rattachent aux plats- bords. On conçoit que des canons fort courts, et qui ne reculent pas, tout en conservant une bonne por- tée, sont fort avantageux sur de petits navires, où le pont est naturellement assez étroit, et où l'on a besoin de ménager la place. Les bragues sont faites d'un filin de choix et d'un beau diamètre; mais les offi- ciers de marine m'ont toujours dit qu'il était dou- teux qu'une caronade pût tirer dix coups consécutifs sans casser sa brague. Pendant plusieurs siècles, on tirait les canons em- ployés à la mer comme les canons employés à terre, c'est-à-dire avec la mèche ou lance à feu. La néces- sité de tirer promptement, afin que le mouvement du navire ne dérangeât pas le pointage, fit imaginer plus tard d'appliquer aux canons une batterie à silex, avec chien et bassinet, comme aux fusils en usage depuis Louis XIV. Nos flottes du temps de l'empire avaient à la fois les canons tirés avec la mèche et les canons ti- rés avec la batterie. Depuis quelques années, la rapi- dité du tir a été encore augmentée par l'introduction des batteries à percussion et à poudre fulminante. Les