D'UN CAPITAINE FRANÇAIS 75 lemand. Celui-ci accepta ce titre sans difficulté, et il reçut aussitôt l'investiture de sa nouvelle di- gnité avec tout le sérieux désirable. Cette céré- monie, passablement grotesque, coûta à la colo- nie force tafia, que les Indiens venaient absorber chaque jour pour rendre hommage à leurs nou- veaux alliés. Quelques jours après nous eûmes un autre di- vertissement qui nous intéressa plus que la farce indienne. A l'occasion de la fête de MUe Rigault, la fille du général, nous donnâmes un bal auquel nous invitâmes les principaux habitants de San- Antonio de Bejar, petite ville peu éloignée, et autrefois chef-lieu delà province. Tout le monde, hommes et femmes, se rendit à notre invitation. La réunion formait le mélange le plus bizarre de blancs, de métis et même d'Indiens; cet assem- blage disparate était, selon moi, une image passa- blement burlesque de l'égalité. Tous nos invités ne parlaient que la langue espagnole; mais comme la plupart d'entre nous avaient servi dans la Pé- ninsule, nous étions familiers avec cette langue, et nous pouvions facilement lier conversation avec nos hôtes. Ce bal fut suivi de deux ou trois autres, non moins nombreux. Ces réunions n'avaient pas seu- lement le plaisir pour objet, elles avaient aussi un