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Discours-Op-Ed 2008

La Géorgie doit rester une et libre

Les Echos, 29 août 2008

Les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'Otan ont adopté, dès leur réunion de Bruxelles, le 19 août, une déclaration affirmant leur soutien à l'intégrité territoriale, l'indépendance et la souveraineté de la Géorgie, ainsi qu'à son gouvernement élu démocratiquement. La Secrétaire d’Etat américaine, Madame Condoleezza Rice, a affirmé que cette déclaration “indiquait à la Russie que l’OTAN ne permettrait pas qu’une nouvelle ligne soit tracée en Europe entre les pays qui font partie des structures transatlantiques et ceux qui aspirent à les rejoindre.”
     
      L’attention de la communauté internationale se concentre actuellement sur deux objectifs prioritaires : mettre fin à toutes les hostilités et à toutes les violences dans la zone de conflit, y compris celles commises par les “irréguliers” dans les zones contrôlées par la Russie, et aider les survivants. La Géorgie et la Russie ont signé l’accord de cessez-le-feu négocié par le président Nicolas Sarkozy, mais la communauté internationale attend toujours de la Russie qu’elle respecte son engagement. Pendant ce temps, les Etats-Unis, la France et d’autres nations ont déjà commencé à fournir une assistance médicale, de la nourriture et du matériel d’urgence aux survivants.

      Les régions séparatistes géorgiennes de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie ont un long passé de tensions. Mais Moscou a progressivement intensifié la pression économique, politique et militaire sur la Géorgie, imposant des embargos commerciaux et interrompant les voies de transport aériennes et terrestres. Au printemps, la Russie a adopté un décret renforçant la coopération avec les régions séparatistes d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie, puis les défis lancés par la Russie se sont faits plus menaçants. En avril, un avion de chasse russe abattait un drone géorgien au dessus de l’espace aérien de la Géorgie. Dès juillet, des violences se produisaient en Ossétie du Sud.
     
 Durant toute cette période, le gouvernement américain a exhorté les gouvernements russe et géorgien à faire preuve de retenue et à résoudre leurs désaccords de façon pacifique.

 Puis, le 7 août, après que la Géorgie eut répondu à des bombardements contre des villages géorgiens depuis la zone contrôlée par les forces russes de maintien de la paix en Ossétie du Sud et entrepris de reprendre le contrôle de certaines parties de cette région, des troupes russes en nombre écrasant ont envahi  l’Ossétie du Sud jusqu’en Abkhazie et en Géorgie même. La Russie remet à présent en cause l’intégrité territoriale de la Géorgie et laisse entendre qu’elle pourrait reconnaître l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, en dépit des nombreuses résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU destinées à résoudre le statut de ces régions par la voie diplomatique.

 Les images d’agressions commises par la Russie rappellent des souvenirs effrayants aux pays qui se trouvaient auparavant sous le joug soviétique et qui ont depuis choisi de construire leur avenir sur un modèle occidental de liberté et de démocratie. Mais le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui est différent du monde que nous connaissions en 1968; la Russie a cherché à s’intégrer aux structures diplomatiques, politiques, économiques et militaires du 21e siècle, et les Etats-Unis ont soutenu avec force ces efforts.

 Cependant, les actions récentes de la Russie mettent à présent en péril sa crédibilité et ses aspirations au niveau international, comme le montrent les questions qui commencent à être soulevées au sujet du bien fondé de son admission dans l’Organisation Mondiale de Commerce et du prestigieux 8e siège au sein du Forum Economique du G-7. Certains remettent même en question l’opportunité d’organiser les prochains Jeux Olympiques d’hiver à Sochi, en Russie. Le peuple russe risque de découvrir que le prix à payer pour l’agression commise la semaine dernière aura des conséquences que ses dirigeants n’avaient pas anticipées.
 
      Si la Russie souhaite réparer les dégâts occasionnés en terme de crédibilité - et ses relations avec le reste du monde - la première chose à faire est de respecter le cessez-le-feu signé par son président et de mettre fin à toutes les hostilités, y compris celles commises par les irréguliers. En accord avec les termes de ce cessez-le-feu, elle doit immédiatement retirer de Géorgie les troupes qu’elle y a déployées après le 6 août. Elle doit également autoriser la présence d’inspecteurs internationaux et d’une force internationale plus importante en Ossétie du Sud, permettre à l’aide humanitaire d’être acheminée, et revenir à la politique affichée auparavant par la Russie de soutenir l’intégrité territoriale de la Géorgie. Nous espérons que la Russie respectera ses engagements internationaux et reviendra sur la décision totalement irresponsable de reconnaître l’indépendance des provinces géorgiennes de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie.
     
      Sans cela, la Russie aggravera son isolement. Comme l’a affirmé Madame Rice à l’issue du sommet de l’OTAN : « Nous ne pouvons pas continuer à travailler comme si de rien n’était avec la Russie tant que de telles actions se poursuivent. »