I76 REMY DE COURCELLES AU LAC ONTARIO autres, chantent chacun une chanson qui ne contient autre chose qu'un récit des belles actions qu'il prétend faire dans cette guerre. L'un dit : je veux tuer dix hommes ; l'autre : je veux entrer victorieux dans le village ennemi et mettre le feu aux cabanes, et ainsi des autres. La partie liée, on prend jour pour le départ ; les femmes préparent de petits sacs de farine pour les guerriers, qui les chargent sur leurs dos avec leur fusil, leur hache, leur poudre et leur plomb. Estant arrivez avec grand silence dans le pays des ennemis, ils ne marchent qu'en cachette de peur d'estre descouverts, cherchant l'occasion de faire leur coup, de manière que leurs guerres et leurs combats ne se font que par surprises. Un homme sortira du village pour aller à la chasse ou pour travailler à son champ : ils l'environnent à la sourdine et le prennent prisonnier ; une femme ira chercher du bois pour son chauffage, ils taschent de l'approcher sans bruit et de la prendre prisonnière ; que si ils aperçoivent quelque party qu'ils puissent attaquer avec avantage, ils se campent chacun derrière un arbre, attendant que le party passe par le lieu de leur embuscade ; et leur ayant fait essuyer une descharge, ils courent sur eux la hache à la main et taschent de les prendre prisonniers ; car leur gloire consiste à en emmener chez eux le plus qu'ils peuvent; que si il demeure quelqu'un des ennemis sur la place, ils lui escorchent la teste et emportent avec eux la chevelure pour '... ' Les guerriers estant de retour, les vieillards s'assemblent, et on leur présente les prisonniers pour en disposer; si quelqu'un a perdu dans cette guerre son fils, son neveu ou son pa- 1. Fin de page rognée.