RELATION DE PENICAUT. 411 plus fine que celle de nos moutons. Us ont une bosse sur le dos, fort grosse, qui leur prend au-dessus des deux espaules, et qui va en diminuant jusqu'aux hanches.' La première coste de devant est haute d'une coudée plus que les autres au-dessus du dos ; elle est large de trois doigts ; c'est où commence la bosse. Ils sont fort larges du devant et vont en rétrécissant par derrière. Ils ont la teste fort grosse et le col fort court, et sont le tiers plus gros qu'en France. Ils sont très meschants, surtout quand les vaches font leurs petits. Lorsque l'on va à la chasse de ces bœufs, il faut prendre le dessous du vent; on les approche de très près, autrement ils vous sentent d'un quart de lieue et s'enfuyent. Il y a quantité de loups dans cet endroit, qui sont beaucoup plus petits qu'en France et ont le poil plus noir, long et fin. On y voit aussy des tigres, et des renards surtout, d'une beauté extraordinaire, car leurs peaux sont d'une couleur argentine. Tous ces animaux s'enfuyent de fort loin dès qu'ils voyent du monde. Estant partis de là, nous trouvasmes à trente-cinq lieues plus haut, en montant dans le Mississipy, une montagne qui est presque dans le milieu, un tant soit peu plus sur la droite du fleuve. On la nomme, à ce sujet, la Montagne qui trempe à l'eau. De là à soixante lieues plus haut, à droite, on trouve une prairie charmante par sa beauté et sa grandeur, au bout de laquelle passe une petite rivière qui tombe dans le Mississipy. On la nomme la Rivière de Moingona, du nom d'une nation de Sauvages qui estoit establie sur ses bords. De son embouchure, montant une lieue plus haut dans le Mississipy, on trouve un rapide entrecoupé de cascades. Ce rapide a sept lieues de long, pendant lesquelles, après avoir deschargé à terre nos marchandises et munitions, nous fusmes obligés de