i5i D'UN NATURALISTE. souvent des trous qui obligent à plonger, et voilà le fusil hors d'état de servir. La chasse de Saint-Domingue est donc plutôt un affût, ou l'art de surprendre le gibier, puis- qu'on se sert rarement de chiens , si ce n'est de ceux de haltes, pour lever dans les fourrées im- praticables aux hommes , soit les bœufs, les cochons ou cabrits marrons. Celui qui se livre à cet exercice, n'a point l'élégante tenue de nos chasseurs d'Europe; il est modestement vêtu d'un long pantalon et d'une vareuse , espèce de camisole large, mais d'une étoffe légère. Les armes, non polies à per- fection , en raison de l'air salin et corrodant du pays, sont au contraire brunies, et, par ce moyen , hors de l'atteinte de la rouille. En revanche, on n'emploie que les fusils de nos meilleurs armuriers d'Europe. On n'est point non plus dans l'usage de se charger d'une car- nassière. On porte au bras gauche, ou, comme je le pratiquois, l'on donne à son petit nègre, qui aime naturellement à faire les fonctions amu- santes de chien couchant, un petit sac contenant pierres à fusil, monte-ressort, tournevis, épin- glette et autres instrumens propres à réparer les désordres des événemens imprévus ; puis, deux petites calebacitescontenant, l'une la poudre, et l'autre le plomb. Mon petit nègre, pour qui mes projets de