MARS I7OO. LE CHEF VIENT AU-DEVANT DE LUI 41 f chemin, j'ay rencontré le chef qui venoit au-devant de moy, accompagné d'une vingtaine d'hommes assez bien faits. Le chef estoit fort malade d'un flux, qui est une maladie dont les Sauvages meurent presque tous. A nostre rencontre, ce chef m'a donné une petite croix blanche et une perle qui n'estoit nullement belle, et en a donné autant au père Jésuite, à mon frère et au sieur Duguay. Nous nous sommes rendus à sa cabane, qui est élevée à une hauteur de dix pieds de haut, de terre rapportée, et large de vingt-cinq et longue de quarante-cinq. Auprès de là sont huit cabanes. Devant celle du chef est le temple, cela forme un rond un peu en ovale, et renferme une place d'environ deux cent cinquante pas de large et trois cents de long. Il passe auprès un ruisseau, d'où ils tirent leur eau. J'ay trouvé là une lettre de M. de Montigny, missionnaire des Taensas, qui en est parti depuis trois jours avec un Canadien pour retourner aux Taensas. Il marque avoir visité la plus grande partie des cabanes de cette nation, qu'il estime au nombre de quatre cents, dans l'espace de huit lieues de pays, sur le bord d'un ruisseau qui arrose ce pays. Il marque y avoir baptisé cent quatre-vingt-cinq enfants depuis une année jusqu'à quatre. Du desbarquement de la rivière on monte une coste d'environ cent cinquante toises, fort escarpée, couverte de bois franc. Estant dessus la coste, on trouve un pays de plaines, prairies, remplies de petits costeaux, en quelques endroits des bouquets de bois, plusieurs de chesnes, et beaucoup de chemins qui se coupent, allant d'un hameau à l'autre ou à des cabanes. Ceux qui ont parcouru trois ou quatre lieues à la ronde disent avoir trouvé partout le mesme pays, du bord de la coste à aller au village du chef. Ce que j'en ay veu, c'est un