September 17, 2007

Déclaration du ministre américain de la défense sur la situation en Irak

Lors d'une conférence de presse tenue le 14 septembre 2007, le ministre américain de la défense, M. Robert Gates, a fait part aux journalistes de sa perspective sur la situation en Irak et affirmé notamment qu'il appuyait les recommandations du général Petraeus, commandant en chef des forces des États-Unis en Irak, ainsi que les décisions annoncées le 13 septembre à la nation par le président Bush. On trouvera ci-après les principaux extraits de sa déclaration liminaire.

(Début des extraits)

(...)

À la base aérienne d'al-Assad, en Irak, à la fin de la visite du président il y a moins de deux semaines, je m'étais déclaré optimiste - du moins, aussi optimiste au sujet de la situation en Irak que je ne l'avais été depuis mon entrée en fonctions en tant que ministre de la défense. Étant donné que cette entrée en fonctions remonte à décembre 2006, alors que la situation en Irak se dégradait, ma remarque faite à al-Assad constituait, me semblait-il, une assertion modeste. Les difficultés en Irak demeurent considérables. L'effusion de sang, du côté tant irakien qu'américain, nous afflige quotidiennement. La reconstruction de toute une nation, l'établissement d'un État démocratique, bien différent de tout ce qui a pu exister auparavant en quatre mille ans d'histoire irakienne, tout cela s'est avéré plus lent et plus difficile que nous ne l'avions espéré. C'est dû, en partie, à des erreurs de notre part, et, en partie, à l'histoire et à la culture irakiennes.

Quoi qu'il en soit, on enregistre des progrès, si lents soient-ils. Je suis convaincu que les recommandations du général Petraeus et les décisions annoncées par le président hier soir offrent une voie qui permettra à ces progrès de continuer et un moyen d'éviter les conséquences désastreuses d'un échec des États-Unis en Irak.

Alors que le débat, ici à Washington, se poursuivait ces mois derniers, et, fait plus important, que nous envisagions la marche future à suivre en Irak, j'ai observé une certaine discrétion, considérant que cela me permettrait de travailler plus efficacement au Pentagone et avec mes collègues au Conseil national de sécurité, et ainsi de mieux conseiller le président et de mieux traiter cette question avec le Congrès. Maintenant que le président a annoncé ses décisions quant aux prochaines étapes à suivre en Irak, je voudrais vous faire part de mes propres réflexions.

Au cours des derniers mois, j'en suis venu à considérer que ces prochaines étapes devaient viser à la fois plusieurs objectifs, des objectifs multiples.

Premièrement, il s'agissait de tirer le plus grand parti possible des possibilités créées par l'envoi des renforts pour atteindre notre but à long terme, à savoir l'instauration d'un État irakien capable de se soutenir, de gouverner et de se défendre tout seul, et d'être un allié dans la lutte contre le terrorisme.

Deuxièmement, il s'agissait d'éviter même l'apparence d'un échec des États-Unis en Irak. Les extrémistes islamiques avaient ressenti une formidable impulsion lorsqu'ils avaient vaincu l'Union soviétique en Afghanistan. La première attaque de ces mêmes extrémistes contre nous, au World Trade Center en 1993, avait été lancée d'Afghanistan quatre ans tout juste après le départ du dernier soldat soviétique. Si les djihadistes étaient à présent capables de crier victoire en Irak contre les États-Unis, la seule superpuissance restante, je pense que cela les enhardirait à une échelle mondiale et de façon infiniment plus puissante encore que ne l'avait fait leur victoire contre les Soviétiques. Les conséquences régionales en seraient graves et extrêmement déstabilisantes.

Troisièmement, il s'agissait de rassurer nos amis et nos alliés dans la région sur le fait que nous demeurerions la première puissance dans cette partie du monde, et ce à long terme.

Quatrièmement, il fallait signifier à nos adversaires en puissance que nous ne livrerions pas l'Irak à leurs ambitions et que nous allions rester la force dominante dans la région.

Cinquièmement, ces futures étapes devaient montrer aux différentes factions en Irak que nous ne les abandonnerions pas à court terme et que nous étions prêts à y maintenir une présence militaire modeste, résiduelle, à long terme à des fins de stabilisation, ce qui les dissuaderait de toute action malencontreuse fondée sur leur anticipation d'un départ précipité possible des forces américaines.

Sixièmement, il s'agissait de montrer aux Irakiens qu'ils devaient assumer une responsabilité toujours accrue en matière de gouvernance et de sécurité.

Septièmement, il fallait, ici aux États-Unis, créer les conditions les plus propices à un large soutien des deux partis politiques en faveur d'une politique propre à sauvegarder les intérêts nationaux des États-Unis en Irak et dans toute la région.

Huitièmement, enfin, il s'agissait de préserver les gains rendus possibles par le service et par les sacrifices de nos soldats, afin de leur montrer que ce service et ces sacrifices ont réellement compté.

J'ai passé les quelques derniers mois à travailler avec le chef et les membres de l'état-major interarmées, avec le commandant du commandement central et avec le général Petraeus sur les prochaines étapes qui nous permettraient de tirer avantage des progrès réalisés grâce aux renforts et à d'autres événements en Irak, afin de nous assurer les meilleures chances d'atteindre chacun de ces objectifs dans toute la mesure du possible. Je voudrais faire trois autres remarques :

Primo, il y a déjà plusieurs mois, j'ai demandé au chef de l'état-major de commencer à examiner nos options pour aller de l'avant en Irak. J'ai demandé à l'amiral Fallon de faire de même.

Je savais alors que le général Petraeus analysait ces options pour l'avenir, car nous avions déjà, lui et moi, analysé cela en privé et discuté entre nous ses idées sur les prochaines étapes à suivre, à chacun de mes déplacements en Irak. Ainsi que je l'ai dit lors d'une déposition au Congrès, il eût été irresponsable de notre part de ne pas réfléchir stratégiquement à l'avenir.

Surtout, je voulais que le président, ce mois-ci, ait l'avantage d'entendre plus d'une opinion militaire de haut rang, alors qu'il se penchait sur le dossier irakien. Je ne voulais pas non plus laisser le général Petraeus en endosser toute la responsabilité.

S'il est vrai que les analyses de l'état-major interarmées, du commandement central et du général Petraeus ont varié sur le plan de l'approche et de l'importance relative (des mesures envisagées), tous les principaux conseillers militaires sont totalement d'accord avec les recommandations faites par le général Petraeus. Je répète : tous les principaux conseillers militaires sont d'accord avec ce que le général Petraeus a recommandé et avec ce que le président a approuvé (...)

Secundo, les recommandations du général Petraeus se rapportent à la première phase de transition de notre mission, qui se déroulera en décembre. Si d'aucuns s'inquiètent de ce que ses propositions ne font que nous « ramener » aux quinze brigades de combat que nous avions en décembre, je voudrais leur faire remarquer que dans sa déposition de lundi, le général Petraeus a bien dit clairement que les réductions de nos forces se poursuivraient au-delà de juillet, leur rythme devant être dicté par les conditions sur le terrain.

Je tiens en outre à signaler que toute présence militaire résiduelle des États-Unis en Irak, qu'il faudrait négocier avec le gouvernement irakien, ne serait plus qu'une petite partie de la force qui est aujourd'hui sur le terrain.

Tertio, enfin, le débat politique et les discussions entre les historiens se poursuivront pendant longtemps au sujet de cette guerre. Cependant, je suis persuadé que les conséquences d'un échec des États-Unis en Irak en cette conjoncture seraient désastreuses non seulement pour l'Irak mais pour toute la région, pour les États-Unis et pour le monde entier. Aucun discussion de nos futures actions ne peut faire l'impasse sur cette terrible réalité.

(...)

(Fin des extraits)

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