January 16, 2007

Robert Gates : l'Iran cherche à exploiter la situation en Irak

Par Vince Crawley Rédacteur de l'USINFO

Washington - Le ministre de la défense des États-Unis, M. Robert Gates, a déclaré lors d'une conférence de presse tenue à Bruxelles, le 15 janvier, qu'il avait recommandé en 2004 une initiative diplomatique en direction de l'Iran mais qu'à l'heure actuelle cette république islamique n'aspirait nullement à une coopération constructive et tentait au contraire d'exploiter les difficultés que les États-Unis pouvaient avoir en Irak.

Interrogé par la presse au siège de l'OTAN, M. Gates a dit que le déploiement récent de batteries antimissiles Patriot et d'un second porte-avions dans le golfe Persique entendait souligner la présence à long terme des États-Unis dans l'ensemble de la région.

M. Gates a eu des entretiens à Londres et à Bruxelles ce jour-là avant de se rendre, le lendemain, en Afghanistan.

Le renforcement des effectifs militaires dans la région « est la réaffirmation de la forte présence à long terme des États-Unis dans la région du Golfe », a déclaré le chef du Pentagone. Plusieurs présidents des États-Unis ont successivement affirmé que la stabilité de cette région revêtait un intérêt vital pour les États-Unis. « Nous réaffirmons simplement (...) notre ferme volonté d'être une présence forte dans cette région pendant très longtemps encore. »

Selon M. Gates, il semble que l'Iran cherche à tirer parti de l'apparence de vulnérabilité des États-Unis en Irak. On se souvient que dans son rapport récent, le Groupe d'étude sur l'Irak recommandait un « engagement diplomatique » entre Washington et tous les pays voisins de l'Irak, dont l'Iran. Or, M. Gates a dit qu'il avait bien coprésidé une étude du Conseil des relations étrangères concluant qu'une telle démarche serait avantageuse pour les États-Unis, mais que, depuis, la situation sur le terrain avait considérablement évolué.

Cette étude avait été coprésidée aussi par M. Zbigniew Brzezinski, qui avait été le conseiller du président Jimmy Carter en matière de sécurité nationale. À l'époque de l'étude, rappelait M. Gates, un engagement diplomatique « paraissait prometteur du fait que les Iraniens étaient clairement inquiets de la présence de forces américaines sur leurs frontières tant orientale qu'occidentale et que l'on avait des raisons de croire qu'ils cherchaient à se rendre utiles à l'intérieur de l'Irak ».

« Aucune de ces conditions n'existe plus à l'heure actuelle », a souligné M. Gates. « Les Iraniens sont persuadés que nous sommes enlisés en Irak, que l'initiative leur appartient, qu'ils ont de nombreux moyens de faire pression sur nous. Ils ne font plus rien de constructif en Irak. »

L'Iran seconde en outre les efforts que déploie le Hezbollah en vue de provoquer un nouveau conflit au Liban, a-t-il poursuivi.

« Ainsi, les Iraniens agissent, en fait, d'une façon très négative à de nombreux égards. Je pense que lorsqu'ils seront disposés à jouer un rôle constructif pour résoudre certains de ces problèmes, il y aura alors peut-être des occasions de dialogue. »

La secrétaire d'État, Mme Condoleezza Rice, a déjà déclaré qu'elle serait prête à rencontrer son homologue iranien, à condition que l'Iran renonce à son programme d'enrichissement de l'uranium.

« Les occasions de dialogue existent donc, a dit M. Gates, mais je dirais que la balle est dans le camp iranien. Pour notre part, nous essayons simplement de signaler à la région que nous y serons présents pendant longtemps. »

L'envoi de l'USS Stimson signifie que les États-Unis auront deux groupes tactiques avec porte-avions dans la région du Golfe pour la première fois depuis 2004, indique le Service de presse des forces américaines.

(Distributed by the Bureau of International Information Programs, U.S. Department of State.)