i> e S. D o m ï n g t; é , L i v. ï. 4P d'intercéder pour lui. Une fi gtande feverité avoit produit l'effet, qu'on en avoit prétendu, peu de gens s'attachoient à un métier fi dangereux ; Ôc comme on ne fçavoit d'ail- leurs dans cette Ifle ce que c'étoit que d'attenter à la vie les uns des autres, on y vivoit dans une très-grande fécurité. Ce peuple avoit encore beaucoup d'éloignement de tout Définteref- ce qui fentoit l'avarice , ôc par confequent rien n'etoit ca- nSalifé. pable de troubler la paix de l'Ifle. Accoutumé à fe bor- ner au pur befoin pour la vie, on n'y fongeoit point à théfaurifer, ôc ce que la terre produifoit prefque fans cul- ture , étoit en quelque forte à tout le monde. Du moins les plus accommodés ne manquoient jamais de fecourir ceux, qu'ils voyoient dans l'indigence. L'hofpitalité étoit auffi très-religieufement obtervée à l'égard de tout le monde, il ne falloit pas être connu, pour être reçu dans une maifon, ôc on Tétoit de quiconque, comme on Tauroit été de fes meilleurs amis. Les Principautés étoient héréditaires ; mais fi un Caci- Ordre delà que mouroit fans enfans, fes Etats paffoient à ceux de fes Succeffionare foeurs préferablement à ceux de fes frères. La raifon de PrmciPautés' cette coutume étoit la même, qui Ta fait établir en tant d'autres pays, fur tout dans l'Amérique, à fçavoir que les enfans des fœurs font bien plus certainement du fang de leurs oncles, que ceux de leurs frères. La même raifon auroit dû les faire encore paffer par deffus les enfans mêmes du Prince défunt, mais Tufage étoit contraire. Dans quelques Provinces les femmes des Caciques dévoient tenir com- pagnie à leurs maris défunts dans le tombeau, à moins que de vouloir paffer pour leur avoir été infidelles pendant leur vie ; fi quelqu'une n'etoit pas affés jaloufe de la réputa- tion d'honnête femme, pour Tacheter à ce prix, fes enfans ne pouvoient prétendre à la fucceflion du pere , l'aveu tacite, que leurs mères faifoient de leur infidélité, les fai- lant regarder comme illégitimes. Quand ilfurvenoit quelque différend entre les Caciques, Leurs Guer. " nennaiffoit gueres, qu'au fujet de la pêche, il étoitres» Tom. I, * q