October 12, 2007

L'humour peut servir à lutter contre les stéréotypes relatifs aux musulmans

Par Carolee Walker Rédactrice de l'USINFO

Washington - Le ramadan, le saint mois de jeûne et de réflexion de la religion musulmane, ou encore la menace terroriste que fait peser Al-Qaïda sur le monde n'ont rien de drôle, mais cela n'empêche pas le simple citoyen d'apprécier une bonne blague musulmane.

Parfois, en effet, le meilleur moyen d'aborder un sujet sensible est d'en rire, affirme le comédien musulman Azhar Usman.

Les musulmans, comme tout le monde, sont capables de rire et d'être drôles, a affirmé M. Usman, le 3 octobre, lors d'une discussion en ligne organisée par l'American University à Washington. Cette réunion, organisée durant le ramadan, a utilisé la technique de la vidéoconférence numérique pour permettre à des musulmans de l'American University et à leurs homologues de l'université de Californie du Sud (USC) de discuter sérieusement de la comédie.

Durant le mois de ramadan, qui cette année s'est achevé le 11 ou 12 octobre, selon la réapparition de la lune dans les divers pays, les musulmans s'abstiennent de manger et de boire durant la journée et rompent le jeûne au coucher du soleil.

Aux États-Unis, les musulmans se servent du ramadan pour tendre la main à leurs concitoyens et créer des liens avec l'ensemble de la société.

Depuis 2004, M. Usman, qui est né à Chicago de parents indiens, a donné son spectacle « Allah Made Me Funny - Official Muslim Comedy Tour » (Allah m'a donné de l'humour - tournée officielle de comédie musulmane) dans plus de 12 pays sur tous les continents. Avocat de formation, il a décidé de partir en tournée pour lutter contre les préjugés relatifs aux musulmans.

La comédie est une façon drôle de dire des choses sérieuses, a-t-il dit, citant le regretté acteur Peter Ustinov. « Les gens viennent toujours me voir après le spectacle pour me remercier de les faire penser », a dit M. Usman, dont les blagues sur le profilage racial allègent la gravité de ce qu'il appelle les affres inévitables de la vie après le 11 septembre 2001.

« De nombreuses vérités sont énoncées sous forme de plaisanterie », a-t-il affirmé. Il considère la comédie comme la forme artistique par excellence des groupes marginalisés, et affirme que, par exemple, les musiciens et comédiens afro-américains ont particulièrement réussi à ouvrir l'esprit des Américains au sujet des groupes stéréotypés.

« Si vous dites la vérité et que les gens ne vous croient pas, ça ne sert à rien », a dit Kareem Salama, chanteur et auteur de music country qui étudie le droit dans l'Iowa.

« Parce que les artistes parlent avec leur cœur, les gens leur font confiance. » M. Salama est né et a grandi à Ponca City, une petite ville de l'Oklahoma, où ses parents lui ont fait côtoyer diverses cultures en l'emmenant à des rodéos, à des festivals de musique bluegrass, au Grand Ole Opry (centre de représentation des artistes de country) de Nashville, et à des powwows amérindiens.

Maintenant, M. Salama se sert de sa musique country américaine pour transmettre un message spirituel faisant l'éloge de Dieu et de la paix. Son dernier album, intitulé « Generous Peace » (Paix généreuse), est la traduction anglaise de son nom arabe.

Les contacts au niveau local sont au cœur de la société civile américaine, a déclaré Eboo Patel, fondateur et directeur exécutif d'Interfaith Youth Core, une organisation dont le siège est à Chicago et qui vise à créer un vaste mouvement œcuménique des jeunes.

« S'il faut retenir une chose de l'islam, c'est le concept de miséricorde », et lorsque des jeunes de toutes confessions s'unissent pour accomplir des œuvres caritatives, ils échangent leurs vues et se découvrent les uns les autres.

M. Patel est d'avis que la comédie pourrait servir à lancer un débat national sur le profilage ethnique, le statut des femmes, la violence et la recherche d'un terrain d'entente entre les gens.

Si chaque personne qui suit cette conversation engage, en sortant de cette pièce, le dialogue avec des gens, ils pourront commencer à se faire une image de l'islam différente de celle que montrent les vidéos de terroristes tranchant la gorge de leurs otages ou déviant des avions sur des tours, a-t-il dit.

« La vraie religion est mon refuge, et grandir en tant que musulman en Amérique a été un accomplissement », a-t-il affirmé. Ses parents travaillaient et étaient très occupés mais, le samedi matin, son père aidait des immigrants à remplir les papiers nécessaires pour obtenir leur permis de conduire.

Les musulmans donnent de leur temps et leur argent, à titre individuel ou dans le cadre de groupes, à ceux qui sont dans le besoin, a ajouté M. Patel. Ainsi, après l'ouragan Katrina qui a dévasté la Louisiane et le Mississippi en août 2005, le Secours islamique a fait un don de deux millions de dollars afin d'aider les victimes.

« L'islam et l'action caritative sont liés », et c'est ce que les Américains doivent retenir au sujet des croyances des musulmans.

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