des Indes Occident.. I. Pari. i Or dans tous les Eftats qui appartiennent au Roy d'Efpagne en l'Amérique , il y a deux- fortes d'habitans Efpagnols, qui font plus op*- pofez les uns aux autres, que ne font dans l'Eu- ' rope les Efpagnols aux Francois. Sçavoir ceux qui font nais en- Efpagne, &. qui vont demeurer en ces pays-là; Et ceux qui y-font nais de pere & mere Efpagnols, &T que les Efpagnols naturels appellent Criolles- pour les diftinguer d'avec eux, voulant figni- fier par ce mot ceux qui font nais en ce pavs-là. Cette haine eft fi grande , que j'ofe dire qu'il n'y a rien qui puiffe contribuer davanta- ge à la conquefte de l'Amérique, que cette divifion ; Et il eft aifé de les gagner & deles- porter à fe joindre conrre leurs ennemis, pour" fe délivrer de l'Efclavage auquel ils ont efté réduits, de la manière rigoureufe dont on les traite, & de la paffion avec laquelle on leur rend la Juftice, ceux qui'viennent d'E- fpagne eftant toujours favorifez à leur preju- dice. Cela eft fi fâcheux & fi rude à fouffrir aux pau- vres Criolgs, que je leur ay fouvent ouy dire, qu'ils aimeroient mieux eftre fujets à quelque Prince que ce fuft qu'aux Efpagnols. pourveu qu'ils pûffent avoir la liberté de l'exercice de leur Religion ; & d'autres qui fouhaitoient que les Holandois fe fuffent arreftezàTruxil* le, quand ils la prirent, & qu'ils fuffent en- trez dans le pays, où ils avoient efté bien re-" ceus ; & que la religion dont ils joUiffoient fous un fi rude efclavage, ne leur eftoit aucune- A 3 ment _.