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Karen Hugues au Sommet E.U - Monde Islamique

LE 18 Février 2006 à Doha – au Qatar

Votre Altesse, Cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, Emir du Qatar, Monsieur le Premier Ministre de Turquie Erdogan, Monsieur le Secrétaire Général de l'OCI Elmeleddin Ihsanoglu, Messieurs les distingués invités, chers amis, j'ai le grand honneur et le plaisir d'être ici parmi vous. Je pense qu'il faut apprécier, avec un grand respect et une reconnaissance extrême, le travail des organisateurs de ce Forum et les divers partenaires ainsi que le Gouvernement du Qatar qui en ont fait un succès. je voudrais mettre en exergue l'initiative du Projet Brookings sur la politique US envers le Monde Islamique qui a cherché, depuis le 11 Septembre à considérer la région et la politique US sous un angle équilibré et constructif, sous le signe de l'érudition. vous avez fait faire avancer et vous avez enrichi le dialogue dont on a tant besoin entre les Américains et le Monde Islamique et entre les Américains de différentes confessions.

Le thème de cette année du Forum US – Monde Islamique – "Ce sont les Dirigeants qui sont à l'origine du Changement", souligne le rôle crucial joué par les individus dans la transformation des sociétés, en tant que dirigeants soit par dessein, soit par accident. Nous avons vu ces dirigeants appartenant à de différents milieux, et souvent dans les endroits où on s'y attend le moins, dans mon pays. Rosa Parks, qui en refusant de céder son siège dans le bus, a allumé l'étincelle d'un mouvement qui a conduit à la liberté et l'égalité un peuple opprimé.

Martin Luther King qui a eu l'audace de rêver et qui en rêvant ainsi, a aidé tous les Américains à retrouver leur humanité. Ronald Reagan – un ancien acteur devenu Président – qui défia le statut quo incarné par le Mur de Berlin, permettant à des millions d'Européens de vivre dans la paix et la liberté. Ils ont tous eu un don et une passion pour ce qui est juste, mais ils ont également eu la chance d'être dans un environnement qui a permis et a même célébré le changement. Ils ont fait face à un système politique souffrant de pleins de défauts, un système économique fondé sur des inégalités, un pays avec beaucoup de défauts et de défis – et nous continuons à avoir plein de défauts et de défis  – mais qui offre en même temps un espace politique et social pour le changement, la croissance et le redressement, pour ce changement tant redouté, combattu mais qui, lorsqu'il se produit finalement, est perçu comme étant absolument nécessaire et comme s'étant trop fait attendre.

Nous voyons ces même dirigeants aujourd'hui à travers le monde arabe, lorsqu'un nombre de plus en plus croissant d'hommes et de femmes retrouvent leur propre voix et tracent leur propre chemin vers la liberté et la démocratie. Le Monde Musulman a de vrais héros, certains d'entre eux l'ont payé au prix le plus cher. L'année dernière, l'Afghanistan a perdu un grand homme lorsque Mawlavi Abdullah Fayez fut assassiné à Kandahar. En tant que Président du Conseil des Ulémas de Kandahar, il faisait des prêches éloquents sur le meurtre d'innocents Afghans. C'était un homme d'un grand courage et d'une grande intégrité qui n'a jamais abandonné son pays ni son peuple. Et il y a un peu plus d'un an, l'ancien Premier Ministre Libanais Rafik Hariri a été brutalement assassiné dans le centre ville de Beyrouth. C'est un crime qui doit être entièrement clarifié et expliqué, et peu importe où cela nous mènera. Rafik Hariri était un homme qui aimait passionnément son pays et qui travaillait énergiquement pour le voir un jour libre, souverain et prospère. C'est également notre rêve et notre but urgent pour le Liban. Ironiquement, son décès a produit le changement qu'il aurait souhaité voir au cours de sa vie – le retrait des troupes Syriennes du Liban.

Nous respectons les droits inaliénables de son frères et nos sœurs dans le monde Islamique de choisir la liberté. La Secrétaire d'Etat Condoleeza Rice a clairement dit en Juin dernier au Caire que "la liberté est l'aspiration universelle de chaque âme et la démocratie est le chemin idéal pour chaque nation". Comme l'a noté le Président en Novembre 2003, "les soixante années passées par les nations occidentales à excuser et à s'accommoder de l'absence de liberté dans le Moyen Orient n'ont rien fait pour notre sécurité – parce que, à la longue, la stabilité ne peut être achetée aux dépens  de la liberté. Tant que le Moyen Orient demeurera un endroit où la liberté ne fleurit pas, il continuera à être une place où la stagnation, le ressentiment et la violence sont prêts à être exportés ".

Nous essayons à présent de tracer une route différente pour soutenir les aspirations démocratiques des peuples de la région. Nous traduisons les mots en actions à travers un appui réel pour une société civique, pour des réformateurs et des patriotes qui aiment leurs pays et qui veulent les voir changer, pour le meilleur, du Maroc jusqu'au Pakistan. Nous soutenons activement et nous œuvrons pour l'établissement d'un état Palestinien libre et démocratique vivant, côte à côte, et en paix avec Israël. Nous continuons également à travailler avec des gouvernements, dont la plupart sont des amis de longue date, dans une atmosphère de respect mutuel, pour promouvoir un changement graduel. Nous continuerons de même à dénoncer avec force et sans apologie – qu'il s'agisse du traitement des prisonniers Irakiens par la police ou de la violence à l'encontre des votants Egyptiens, de journalistes et d'observateurs d'élections. Et lorsque nos commettrons des erreurs – ce qui pourrait arriver – nous devrons nous améliorer et changer.

Nous sommes encouragés par les changements positifs opérés dans la région. Il y eut une année de vraies réalisations et de grands progrès. Nous avons été témoins du courage des votants Irakiens et Afghans lorsqu'ils ont défié les terroristes pour exprimer leurs opinions et exercer leurs droits après un long cauchemar qui a duré pendant des générations entières. Nous avons été impressionnés par la soif pour la démocratie montrée par les votants en Palestine, en Egypte ou au Liban. Ils ont été trop longtemps privés de leurs droits et il a été clairement établi que ce dont la région a le plus besoin, ce sont plus de voix, une plus grande participation, plus de pluralisme, une plus grande confiance en les peuples – le raffermissement et la consolidation des premiers pas vers la garantie d'un futur plus humain, plus tolérant et plus prospère, pour tous.

Les récentes élections Palestiniennes qui ont vu le Hamas gagner avec une majorité de sièges, reflète ce désir pour le changement. Hamas doit maintenant savoir être à la hauteur des aspirations des votants en acceptant le mandat démocratique qui accompagne les élections. Il doit changer pour apporter des résultats au peuple Palestinien.
Les élections jouent un rôle capital dans les démocraties mais les démocraties ne peuvent être maintenues sans un renforcement de la société civile, sans une presse vibrante et indépendante, sans l'existence d'un état de droit et du respect pour la diversité et la protection des minorités de la tyrannie d'une majorité élue. Comme l'a récemment noté le Président Bush, ceci exige l'établissement "d'institutions fortes, responsables qui durent plus longtemps qu'un seul mandat". C'est le défi qui doit être relevé par cette région, que les élections soient démocratiques et que les sociétés se transforment en des communautés capables de maintenir et d'approfondir le processus démocratique. Lorsque les gens vont voter, ils devraient avoir à faire un vrai choix – une multitude de partis et de points de vue représentant un vrai spectre. Ce processus de construction d'institutions prendra du temps, mais soyons clairs : les imperfections de la démocratie ne devraient pas être utilisées comme une excuse ou un support par ceux qui, dans la région, ont peur de la voix du peuple. La vraie promesse de la démocratie exige des gouvernements de la région qu'ils promulguent des lois ouvrant la voie à une opposition pacifique qui diminuera l'appel au radicalisme et donnera aux citoyens un vrai choix pour façonner leur avenir. Il n'y a pas d'autre choix qui s'offre au monde Musulman que celui d'une vraie démocratie – profonde et vaste – qui servira de bouclier à la fois contre le radicalisme islamique et l'autocratie.

Au fur et à mesure que la démocratie progresse dans la région, les peuples seront amenés à faire des choix. Certains, y compris en Occident, dénigreront les "mauvais choix" que la démocratie est supposée apporter. Nous ne pensons pas que les flux et reflux de la vie démocratique doivent à ce point susciter l'appréhension. Nous réalisons que la démocratie est un processus dynamique qui transcende le temps et nous sommes tenus, à long terme, à soutenir les réformes et la démocratie dans la région. Les démocraties feront des fautes et les peuples feront le bon ou le mauvais choix, mais, à la fin du parcours, si la démocratie progresse – si les pratiques rigoureuses de la démocratie sont appliquées – le système se corrigera alors de lui-même. La solution c'est de permettre aux, et d'encourager les sociétés à devenir plus pluralistes, à changer pour le meilleur, et à tirer des leçons, d'une manière positive, des erreurs que tout système ouvert est appelé à faire.

Les Etats Unis continuent à changer d'une autre manière. Nous reconnaissons que dans nos efforts pour garantir la sécurité de nos frontières après le 11 Septembre, nous avons donné l'impression à plusieurs personnes que les visiteurs des Etats Unis n'étaient plus les bienvenus. Ceci est on ne peut plus loin de la vérité. Le mois dernier, la Secrétaire d'Etat Condoleeza Rice et notre Secrétaire d'Etat à la Sécurité Intérieure Michael Chertoff ont établi un ordre du jour conjoint pour renforcer la technologie et la sécurité sur nos frontières tout en amenant les visiteurs et les voyageurs aux Etats Unis à se sentir mieux accueillis. Nous voulons faciliter le parcours aux voyageurs légitimes et faire de leur entrée dans notre pays une expérience plus simple et plus amicale.

Nous avons également pris contact avec les présidents des Universités Américaines pour encourager un engagement et des échanges plus importants avec le reste du monde, et particulièrement avec le monde Musulman, et dans leur propre langue. Et nous nous rapprochons comme nous ne l'avons jamais fait auparavant des média Arabes. L'année dernière, notre Bureau Diplomatique Public pour le Proche Orient a couvert, à lui seul, plus de 400 évènements médiatiques avec la presse dans la région, principalement avec la presse écrite et audiovisuelle en langue Arabe. Je sais que j'ai accompli la tâche qui me revient, à cet effet, en faisant mon apparition sur El Jazira. Et ce n'est que le début puisque nous cherchons à améliorer notre habilité à nous engager auprès des média régionaux dans la région tout en respectant le décalage horaire. Nous avons d'autant besoin d'une meilleure communication et d'une réaction effective que nous présentons la réalité Américaine – l'Amérique telle qu'elle est, avec ses défauts, ses espoirs, ses promesses.

D'autres dirigeants Musulmans sont, même au moment où je vous parle, engagés dans une bataille quotidienne pour la dignité humaine et la liberté universelle. A quelques centaines de kilomètres d'ici, direction nord, un journaliste Iranien héroïque  Akbar Ganji, est en train de mener une noble bataille solitaire pour la liberté dans sa patrie bien aimée. Emprisonné depuis le 22 Avril, 2000, dans la prison d'Evin, son seul crime est d'avoir apporté la lumière, à travers ses écrits, sur l'implication des autorités gouvernementales dans une série de meurtres d'écrivains et de dissidents. C'est une figure emblématique de toute une génération de jeunes Iraniens qui, un jour, feront de l'Iran, une société et un gouvernement dignes de ce grand peuple.

A quelques centaines de kilomètres d'ici, vers l'Ouest, cinq patriotes Syriens héroïques qui ont pacifiquement travaillé, d'une manière constructive, pour la renaissance et la réforme de leur pays historique viennent juste d'être relâchés après avoir passé plusieurs années en prison. Ils n'auraient jamais du être emprisonnés, pour commencer, au contraire, ils auraient du être les leaders d'une réforme pacifique et démocratique que le peuple Syrien attend et espère si ardemment.

D'autres braves Syriens tel que le Dr Kamel Labwani croupissent encore dans les cellules des prisons Syriennes. D'autres leaders Musulmans, comme le savant et intellectuel Egyptien Jamal al-Banna – le plus jeune frère du fondateur du groupe des Frères Musulmans Egyptiens – nous étonnent avec l'étendue de leurs connaissances, leur passion pour la vérité et leur analyse profonde de la crise actuelle. Des personnalités comme Akbar Ganji et Labwani, al-Banna et d'autres ont notre profonde admiration et notre profond respect. Ce sont de vrais leaders qui aspirent à un changement positif d'une manière personnelle, immédiate et extrêmement puissante.

Les leaders existent mais l'environnement créé par des dizaines d'années de priorités mal placées, de répression et de désespoir, empêche souvent le développement d'un espace politique et social dont on a tant besoin pour que de nouvelles idées puissent éclore. Nous connaissons tous les informations lugubres et graves contenues dans les Rapports de Développement Humain Arabe de 2002 jusqu'à 2004. Les auteurs y ont souligné l'absence de liberté, le manque de connaissances et la restriction des droits des femmes comme les facteurs clés empêchant le monde Arabe d'exploiter au maximum son potentiel. Tandis que certains pays sont en train de faire des progrès, nous devons nous donner de nouveaux défis pour un plus grand partenariat, plus d'audace, plus de courage pour prendre des mesures historiques afin de changer l'environnement négatif qui restreint les réalisations humaines dans une partie importante et palpitante du monde.

Nous, Américains, avons changé. Le changement n'est jamais facile mais il est nécessaire dans la vie des nations autant que dans celle des individus. Il exige parfois de se regarder profondément et froidement dans un miroir et d'accepter ses propres fautes et ses propres erreurs. Le peuple Américain l'a fait au cours des périodes clés de notre propre histoire – lorsque nous avons fait face à la grande crise dans les années 30, lors des répercussions des grands conflits comme la Seconde Guerre Mondiale et particulièrement lors du Mouvement des Droits Civils lorsque nous nous sommes confrontés au vrai racisme et aux défauts de notre propre société, en ce temps là. Plus récemment, nous avons vu la face réelle de cet héritage qui subsiste de la ségrégation dans les répercussions de l'ouragan Katrina. Je vous dis avec grand respect et beaucoup de compassion, que le monde Musulman a besoin d'une telle introspection qui constitue le premier pas, essentiel, menant vers le changement positif. Ce n'est pas quelque chose que nous, occidentaux, pouvons ou cherchons à imposer, il ne peut provenir que de l'intérieur.  Cette autocritique s'est déjà mise en marche et elle mérite notre respect et notre reconnaissance. L'ancien Président de l'Indonésie Abdurrahman Wahid a récemment proposé une analyse puissante et émouvante lorsqu'il a dit :

"Les Musulmans eux mêmes peuvent et doivent propager une définition du "vrai" Islam, discréditant ainsi l'idéologie extrémiste. Pourtant, l'accomplissement d'une telle tâche exige la compréhension et le soutien d'individus, d'organisations et de gouvernements ayant la même mentalité, partout dans le monde. Notre but doit être d'illuminer les âmes et les esprits de l'humanité, et de proposer une vision alternative compulsive de l'Islam, une vision qui bannit le fanatisme et son idéologie basée sur la haine, le ramenant à l'obscurantisme duquel il a émergé".

Nous avons tous besoin de changer, ensemble. Nous avons tous besoin d'illumination dans ses journées sombres. Nous prenons l'engagement de nous mettre du côté de ceux qui cherchent le changement positif, de ceux qui veulent trouver un meilleure voie et une meilleure vie sur les terres de l'Islam. Ne pas chercher à imposer une mauvaise photocopie de l'Amérique à des peuples suspicieux et peu enclins à l'accepter, mais en appeler à ces droits universels qui représentent le noyau vital de toutes les grandes religions et qui sont dans les cœurs de tous les croyants.

Il y a quelque sept siècles, un grand homme appelé Wali al –Din Abdul Rahman, qui a vécu au Maroc et en Tunisie, en Espagne et en Egypte et que nous connaissons sous le nom d'Ibn Khaldoun a écrit sur la montée et la décadence des civilisations et sur la réalité des changements dans la vie des nations. Ibn Khaldoun a décrit le cycle de vie des peuples et des grands empires, la décadence de sociétés jadis florissantes, qui étaient incapables ou qui ne voulaient pas être assez flexibles pour s'adapter aux temps qui changent.
Nous savons tous que le changement approche. Comment viendra – t – il, comment allons nous l'accueillir et comment allons nous créer les conditions nécessaires à un meilleur avenir – dans nos vies et dans nos cœurs et dans nos esprits – c'est ce qui représente notre tâche la plus pressante. C'est une tâche partagée qui doit être basée sur le respect mutuel et sur la volonté de revoir les positions de longue date tout en demeurant fidèles à nos propres valeurs communes. Je suis persuadée que l'Amérique est capable de relever ce défi dans ce monde qui change, et qui est parfois si déroutant. J'ai la conviction que l'avenir du monde Musulman peut être aussi glorieux et aussi important que son passé.
Je vous remercie infiniment.

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