17901 PRÉCIS HISTORIQUE. 95 ans, appartenant à la classe blanche, fut condamné dans celte ville par une sorte de lynch law, et décapité pour avoir rédigé un ^mémoire où les hommes de couleur exposaient les funestes conséquences de l'oppression exercée contre eux, et deman- daient à envoyer des députés à l'assemblée provinciale de Port- au-Prince'! ' Le 27 février 1790, les trois assemblées procédèrent à la nomination d'une sorte de convention qui devait traiter des intérêts généraux. Elle se réunit à Saint-Marc le 15 avril, sous le titre d'assemblée générale de la partie française de St- Domingue. Peu après parvint dans l'île le décret des législateurs métropolitains du18 mars, qui accordait les droits politiques à toutes personnes libres âgées de vingt-cinq ans accomplis et propriétaires. C'était là un grave événement pour la société coloniale. Il faisait monter bien évidemment la classe des affran- chis à l'égalité politique. Mais comme ce décret ni les instruc- tions supplémentaires du 28 mars ne désignaient pas les libres d'une manière nominative, les colons soutinrent qu'il ne pou- vait s'appliquer qu'aux blancs, et le gouverneur, M. Peynier, placé sous leur influence, ne se crut pas obligé de le faire exé- cuter. Pendant ce temps l'assemblée générale n'était pas oisive. Le 28 mai, elle publiait les bases de la constitution de l'île. Le pro- jet d'indépendance se trouvait nettement accusé dans la for- mule d'installation. L'assemblée avait déclaré, à une majorité de soixante-sept voix, qu'elle se constituait en vertu des pou- voirs de ses commettons, contre une minorité de quarante-sept voix qui proposait de se constituer en vertu des décrets de la métropole. L'assemblée fit en outre plusieurs actes de souveraineté, et entr'autres s'empara de la poudrière de Léogane. Peynier ne pouvait tolérer ces envahissemens ; il cher- cha le moyen d'y faire obstacle. Une lutte s'établit, et il y eut 2 Débats dans l'affaire des colonies, tome III, seance du 6 ventôse.