284 SOUVENIRS DE LA MARTINIQUE trice en amazone et le petit prince passèrent de- vant le front des troupes, puis ils vinrent se ran- ger contre les tribunes. Pendant le défilé, j'eus le loisir d'observer de près Napoléon III. L'affaissement de son corps, l'usure de ses traits et l'atonie de son regard me frappèrent surtout. Quand il tournait la tête, son cou formait un paquet de plis à remplir la main. Je n'eusse jamais cru qu'il vivrait encore sept ans. La revue se termina par une charge de toute la cavalerie, face aux tribunes, le sabre haut, aux cris de « Vive l'empereur ! » Ensuite le souverain descendit de cheval, endossa un caban militaire, doublé de rouge, et monta dans une calèche attelée à la Daumont. Au moment du dé- part, il salua. Je m'attendais à une explosion d'enthousiasme: à peine une vingtaine de vivats ! La plupart des assistants restèrent couverts. Une dame du monde officiel, assise devant nous, fut obligée de dire à son jeune fils : « Ote donc ton chapeau ! » Je revis l'empereur une seconde fois, la veille du jour de l'an. En traversant avec mon frère la place du Carrousel, nous fûmes attirés par une