324 GUYANE ANGLAISE, tants des villes disaient, en général, que tout allait bien sous le régime de l'apprentissage; des planteurs affirmaient qu'on ne pouvait venir à bout des apprentis; d'autres, qu'ils en étaient fort contents. Sur la rive gauche de lari- vière de Démérary, à un quart d'heure de distance, j'ai vu deux habitations dont les propriétaires ou régisseurs étaient en opposition directe. Dans Tune (appartenant à M. G......), on se louait de la conduite des apprentis : le revenu augmentait, de nouvelles usines s'élevaient, de nou- veaux modes de fabrication s'essayaient ; cinquante coo- lies ou Indiens avaient fortifié l'atelier. Dans l'autre (chez M. de R...., ancienne habitation française), on disait que tout allait mal : les bâtiments et usines n'étaient pas réparés, les revenus étaient diminués 1. Ainsi, dans la colonie, on rencontrait beaucoup d'assertions contradictoires. Cepen- dant le plus grand nombre disait que le travail était suffisant; mais presque tous les commandeurs ou chefs d'atelier noirs se plaignaient de la discipline. Tout cela s'explique : des planteurs avaient mieux saisi le système de l'apprentissage ; ils n'épargnaient pas les sacrifices pour obtenir du travail de leurs apprentis; ces apprentis étaient meilleurs sujets. D'autres planteurs, découragés au contraire, n'avaient peut-être pas pris toutes les précautions convenables, ou leurs apprentis étaient plus difficiles à con- duire (ce dernier cas arrivait fréquemment). Les régisseurs blancs et les commandeurs noirs n'avaient presque plus d'autorité : ce n'étaient, pour ainsi dire, que des hommes de confiance chargés de montrer aux noirs le travail à faire, 1 Les propriétaires de ces deux habitations étaient également sans det'es et fort riches.