BALTIMORE. 257 ¦manière anglaise modifiée selon les lieux, moins froide que les villes du nord, moins vaniteuse que les riches habitations des bords du Mississipi ; un goût parfait préside aux plus petits détails, et le Français éprouve une certaine jalousie k se voir ainsi surpassé par des hommes qu'il serait tenté de croire presque barbares ou tout au moins vivant parmi des barbares. Les mai- sons de propriétaires sont assez ordinairement élevées de plusieurs marches en larges dalles ; quelquefois elles se trouvent placées au centre d'un petit jardin , et le jasmin prenant ici la place qu'usurpe le lierre sur nos ruines européennes , enlace les contours des fenêtres , -entoure les cheminées , semant sur de belles feuilles découpées les calices de ses fleurs. La partie basse de la ville est toute commerçante, toute marchande ; les tavernes occupent les environs du port, et regorgent de nègres ivres, se boxant avec des rires et des cris infernaux. Le marché va aboutir au quai principal où se tiennent les plus grands navires ; les vendeurs sont sur deux rangs, et les waggons forment de chaque côté une seconde allée : les cultivateurs font avancer la toile des chariots au-dessus d'un banc rapporté, le brancard tourné en sens opposé sert à enfermer les chevaux entre la voiture.et le trottoir; ainsi s'établit un second marché dont les blanches tentures se dé- tachent sur le fond azuré de la mer, les piles de melons s'élèvent de chaque côté comme les boulets et les obus dans un parc d'artillerie. Au haut du Centre-Market est une fontaine assez élégante bâtie en marbre. Les hôtels si soignés des autres villes des Etats-Unis n'ont rien qui puisse être comparé au magnifique Bamum-Hotel de Baltimore : on n'a jamais construit sur 17