— 245 — racine : comme le grand nombre d'esclaves est lié aux divers emplois qu'on leur donne, transporter aux ingénus une partie de ces emplois, par exemple, le commerce ou la navigation, c'est diminuer le nombre des esclaves (1). Lorsqu'il y a beaucoup d'affranchis, il faut que les Loix civiles fixent ce qu'ils doivent à leur Patron, ou que le contrat d'affranchissement fixe ces devoirs pour elles. On sent que leur condition doit être plus favorisée dans l'Etat civil que dans l'Etat politique ; parce que dans le Gouvernement même populaire, la Puissance ne doit point tomber entre les mains du bas-peuple (2). A Rome où il y avait tant d'affranchis, les Loix politi- ques furent admirables à leur égard. On leur donna peu & on ne les exclut presque de rien ; ils eurent .bien quelque part à la Législation, mais ils n'influoient presque point dans les résolutions qu'on pouvoit prendre. Ils pouvoient avoir part aux charges & au sacerdoce (a) même, mais ce privilège étoit en quelque façon rendu vain par les désa- vantages qu'ils avoient dans les élections. Ils avoient droit d'entrer dans la milice ; mais pour être Soldat il faloit (3) un certain cens. Rien n'empêchoit les affranchis <6) de s'unir par mariage avec les familles ingénues ; mais il ne leur étoit pas permis de s'allier avec celles des Sénateurs. Enfin leurs enfans étoient ingénus, quoi qu'ils ne le fus- sent pas eux-mêmes (4). (a) Tacite, Annal., Liv. 3. (M.) (b) Harangue d'Auguste dans Dion, Liv 56. (M.) (1) î*>ur l'agriculture et l'industrie dans les Etats à esclaves, voy. E. L., XXII, 14 ; et R, ch. 15. 2 Bas peuple, B et suiv. Sur la manière d'empêcher la puissance de tomber eutre les mains du bas peuple, voy. E. L., XI, 6. 3) Falloit, B et suiv. 4 Eux-même, E*.