12 LA BAIE. Les Narrows sont défendus par deux forts construits en briques. A gauche est situé le fort Richmond, an pied de la colline, sur le rivage même ; à droite, à quelques pas de la mer , s'élève celui de Lafayette, qui communique à la terre par un pont. Au-dessus des rochers , on a établi des télégraphes qui servent à an- noncer l'arrivée des navires, et correspond avec celui de la Bourse , dans l'intérieur de New-îork. La baie se trouve alors resserrée dans une largeur de deux milles , et au penchant d'une délicieuse colline couverte de pins rouges , d'érables et de genévriers, s'élève un vaste édifice en bois , entouré d'un parc im- mense qui sert de lazaret. D'élégantes maisons grou- pées sur le rivage forment un village assez considérable, et un grand nombre de navires en quarantaine se tien- nent k l'ancre tout le long de la côte. Le jour baissait quand nous passâmes vis-à-vis les forts ; dans le lointain, on apercevait quelque chose qui indiquait que New-York était là. Nous marchions lentement , et k mesure que le flot nous poussait les ombres se répan- daient autour de nous. Puis, quand il fit tout nuit, on entendit des bruits de terre confondus dans l'éloi- gnement ; la musique lointaine de la batterie nous arrivait en sons affaiblis ; les lumières des voiture^ le long des quais semblaient des feux errans sur les flots; les réverbères des rues se dessinaient en longues files et brillaient à travers les arbres des squares ; enfin der- rière la masse compacte des maisons un incendie lan çait des tourbillons de fumée et élevait en gerbes d'or ses flammes dévorantes au son des cent cloches de 1» ville. A minuit tout était calme dans la cité populeuse.