July 25, 2007

De la fiabilité des sources de pétrole et de gaz dépend la stabilité du monde

La fiabilité des marchés et la coopération entre pays atténueront les incertitudes liées à la sécurité énergétique.

Par David McKeeby
Rédacteur de l'USINFO


Washington - La sécurité du monde repose sur la garantie de sources de pétrole et gaz naturel fiables et d'un prix raisonnable, mais étant donné les besoins actuels du marché en matière d'énergie, l'interruption de la chaîne d'approvisionnement peut se traduire par des difficultés aux plans diplomatique et de la sécurité.

« Nous avons un sérieux problème : les États-Unis ne peuvent se passer de pétrole, lequel est souvent importé de régions du monde où règne l'instabilité », avait déclaré le président Bush dans son discours sur l'état de l'Union.

L'indépendance énergétique, que prônent depuis longtemps les responsables américains, est un objectif qui peut être atteint grâce aux progrès techniques. Mais, dans l'avenir prévisible, s'accordent à penser les spécialistes de la sécurité et de l'énergie, étant donné la dépendance générale à l'égard des combustibles fossiles et de leurs circuits de distribution sur les marchés mondiaux, garantir la sécurité énergétique demeure une préoccupation majeure pour tous les pays.

Aujourd'hui, le monde consomme environ 86 millions de barils de pétrole par jour. Selon l'Administration fédérale chargée des informations relatives à l'énergie (Energy Information Administration, EIA), cette demande augmentera de 50 % d'ici 2030 pour atteindre 118 millions de barils par jour. L'EIA s'attend à ce que jusqu'à 70 % de cette croissance soit imputables aux pays émergents aux plans économique et politique, tels que la Chine et l'Inde.

Les États-Unis produisent 70 % de l'énergie qu'ils utilisent, mais ils demeurent le plus gros consommateur de produits pétroliers du monde, utilisant quelque 20 millions de barils de pétrole par jour.

La production pétrolière intérieure continuant à diminuer, l'EIA estime que d'ici 2030, les États-Unis importeront 27 millions de barils de pétrole par jour si aucun changement n'intervient.

« L'ampleur du défi représente une menace à notre sécurité à long terme, une menace qui ne peut que s'aggraver puisque les sources traditionnelles d'énergie sont de plus en plus sollicitées et que la demande augmente régulièrement », avait souligné le ministre de l'énergie, M. Samuel Bodman, lors d'un discours prononcé en février.

Et c'est la raison pour laquelle, précise M. Daniel Yergin, président de Cambridge Energy Research Associates, un cabinet international de consultants dans le domaine de l'énergie, les parlementaires ne doivent pas traiter les combustibles fossiles comme de simples produits de base.

Selon lui, lorsqu'il s'agit de trouver des solutions aux interruptions qui peuvent intervenir dans les approvisionnements, seul un mécanisme axé sur la stabilité des marchés et la coopération internationale donnera une véritable indépendance énergétique.

Depuis longtemps, la communauté internationale s'efforce de prévenir les perturbations en s'adressant à des sources multiples d'approvisionnement, en encourageant l'ouverture des marchés et en constituant des réserves stratégiques. S'il s'agit là de mesures indispensables, a fait valoir M. Yergin, elles sont cependant insuffisantes pour garantir la sécurité énergétique à l'avenir, et ce pour trois raisons :

- Premièrement : la prospection pétrolière s'étend à des régions du monde de plus en plus reculées qui pourraient devenir instables. Même dans des régions traditionnellement productrices d'énergie telles que le Moyen-Orient et l'Amérique latine, d'éventuels troubles politiques pourraient mettre en danger les approvisionnements mondiaux d'énergie.

- Deuxièmement : au fur et à mesure que de nouvelles sources d'énergie de plus en plus éloignées des consommateurs seront découvertes, le monde observera une expansion rapide de l'infrastructure, notamment des oléoducs, des raffineries et des installations portuaires, une situation que les terroristes, les guérilléros et les syndicats du crime pourraient exploiter. En outre, les catastrophes naturelles pourraient aussi représenter une menace pour cette infrastructure.

- De nombreux couloirs de navigation maritime empruntés par les pétroliers, tels que le détroit d'Hormouz, dans le golfe Persique, ou le détroit de Malacca, en Asie du Sud-Est, exposent ces navires aux terroristes et aux pirates. Sur terre, les pipelines, quant à eux, traversent de nombreuses frontières, aggravant encore les risques politiques pour les sociétés qui ont fait d'énormes investissements pour acheminer en toute sécurité le gaz et le pétrole jusqu'aux marchés.

- Troisièmement : le manque de transparence qui caractérise le marché de l'énergie est aussi un défi à la sécurité énergétique.

En outre, a fait remarquer M. Bodman, la moitié des réserves mondiales de pétrole est détenue par des sociétés nationales qui ne réagissent pas aux demandes du marché de la même façon que des sociétés multinationales privées le feraient.

D'accord sur ce point, M. John Deutsch, ancien directeur de la CIA aujourd'hui professeur à l'Institut de technologie du Massachusetts (MIT) a fait valoir à l'occasion d'une récente déposition au Congrès que le caractère national de certaines sociétés avait aussi des avantages, ainsi que le montre le travail que fait l'Arabie saoudite au sein de l'OPEP pour modérer les prix à l'échelle mondiale. Il a mis en garde, cependant, que la situation se prêtait aussi à une exploitation abusive, par exemple lorsque des sociétés appartenant à un État menacent d'interrompre les livraisons pour atteindre des objectifs politiques ou bien lorsque de telles sociétés peuvent se permettre de surenchérir sur les offres de compagnies privées parce qu'elles ont passé des accords avec d'autres gouvernements à qui sont promises une aide économique et des armes, par exemple.

Tous ces facteurs se conjuguent pour montrer que la coopération à l'échelle internationale est essentielle pour faire face au défi mondial de la sécurité énergétique.

« Nous ne pouvons laisser l'énergie devenir un risque, un point d'interrogation dans l'équation économique et en matière de sécurité de notre nation ou de notre monde », a fait valoir M. Bodman.

(Distributed by the Bureau of International Information Programs, U.S. Department of State.)